A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 24 Décembre 2015

Diego el mulato, par Yves-Victor Kamami et Sylvia Cornet D'Alwalhad (*)

Exotisme et dépaysement garantis.
 
Une recension de Jean-Pierre Allali
 
Il y a longtemps, qu'Yves-Victor Kamami se passionne pour le monde afro-antillais. Et c'est tout naturellement qu'avec le concours de Sylvia Cornet d'Alwalhad, il nous propose une plongée romanesque dans cette galaxie mystérieuse que fut, au 17ème siècle, l'archipel des Caraïbes, avec ses pirates et ses batailles navales, sur fond de conquêtes territoriales. (1) Martin de Sanagny est un architecte reconnu. Avec son épouse, Stéphanie, il mène une existence heureuse en compagnie de leur basset griffon vendéen, Charlemagne.
 
Ils s'apprêtent à fêter la pendaison de crémaillère de leur maison, une fermette de légende qui appartenait, dit-on, aux Fonseca de Los Reyes Bordes de Bordeaux, une famille descendant des pirates juifs des Caraïbes, quand, tout à coup, patatras. Stéphanie fait savoir par son avocat qu'elle demande le divorce et, comme les de Sanagny, malgré leur nom qui fleure bon la chrétienté, sont juifs, la belle exige le « guet », le certificat hébraïque qui la délivrerait des liens du mariage. Martin et son ami Daniel son abasourdis. Tout comme Dina, la sœur cadette de Martin, de passage à la ferme pour confier son chien, Arthur, à son frère. Pour penser à autre chose, les deux amis s'intéressent à un échiquier médiéval en bois de palissandre dont le métayer, Lucas, a découvert incidemment les pièces. Et voilà que brusquement, un parchemin fait son apparition. Et une carte aussi. C'est le début de la grande découverte. Un autre ami, Tom,est de passage. Il a besoin, lui, qu'on lui garde Mandragore, son pogona, un saurien apprivoisé. C'est au milieu de cette ménagerie, et après les conseils d'une voyante, Madame Antarès Rigel, que Martin, en secouant son échiquier, met la main sur un manuscrit. Il va passer la nuit avec ses dictionnaires d'araméen et d'hébreu et son ordinateur « Apple » pour commencer à déchiffrer le texte qui débute par ces mots : « Par la grâce de la source de toute vie, Diego El Mulato de Los Reyes, a écrit en l'an 1670, ce qui suit... ». Diego est le fils d'un Juif, Abraham, brûlé vif à la Havane par le Tribunal de l'Inquisition et d'une ancienne esclave afro-antillaise, remise, elle, par les mêmes tortionnaires, sur le marché des esclaves. Le manuscrit va conduire Martin et, partant, le lecteur, à travers les pérégrinations de Diego, orphelin à onze ans, moussaillon téméraire qui va gravir les échelons de la gloire, sur tout un continent. On se retrouve à Bahia et à Rio, on vogue d'Amsterdam à Pernambouc, à Curaçao et à Recife, on découvre des personnages inattendus comme le premier avocat juif du Nouveau Monde, maître Michael Cardoso, le premier médecin et pharmacien juif, Abraham de Mercado, le premier architecte et ingénieur juif, Balthazar de Fonseca. Sans oublier Samuel Palache, le rabbin-pirate fondateur de la communauté juive d'Amsterdam et son élève, Moïse Cohen Henriques, qui, pour se venger de l'expulsion des Juifs d'Espagne, mit au point une alliance entre le sultan du Maroc, Zidane et le prince protestant hollandais, Maurice de Nassau. Et bien d'autres personnages juifs ou « conversos » tout aussi étonnants dans ce milieu des pirates , de flibustiers, de boucaniers et autres corsaires. Sans oublier les Huguenots, les Nég'Marrons et les Indiens Arawaks : « Pour ma part, cette alliance de  Nèg'Marrons, d'Indiens Arawaks, de Juifs et de Protestants me convenait tout à fait face à l'ennemi commun espagnol ». Sur un coup de tête et sur la base d'inscriptions absconses découvertes sur une carte, Martin part à l'aventure et à la recherche d'un hypothétique trésor laissé par Christophe Colomb à Kington, en Jamaïque. Il se fait piquer par un centipède et sombre dans l'inconscience. Sans nouvelles de lui, Dina et Daniel enquêtent et partent à sa rencontre.
 
Exotisme et dépaysement garantis. Très sympathique.
 
Notes:
(*) Éditions Auteurs du Monde. Novembre 2015. 282 pages. 17 euros.
(1) Yves-Victor Kamami a écrit un premier roman en 2006, « Le onzième Templier » paru aux éditions Bibliophane-Daniel Radford. Voir notre recension dans la Newsletter datée du 20-12-2006.
 
CRIF
Maintenance

Le site du Crif est actuellement en maintenance