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Publié le 21 Novembre 2014

Dreyfus, toute une affaire?

Par Grégoire Kauffmann, publié dans l’Express le 170 novembre 2014

Bertrand Joly est le grand historien trop méconnu du nationalisme français. Depuis les années 1980, cet ancien élève de l'École des Chartes arpente les milliers de fonds d'archives qui ressuscitent le premier "âge des foules", cette fièvre populiste née dans le sillage du général Boulanger à la fin du XIXe siècle. 

Biographe de Paul Déroulède (Déroulède. L'Inventeur du nationalisme, Perrin, 1998), auteur d'un monumental Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français (Champion, 2005), Bertrand Joly publie aujourd'hui une passionnante Histoire politique de l'affaire Dreyfus. Chef-d’œuvre d'érudition heureuse, cette somme bat en brèche toutes les idées reçues sur un épisode trop souvent caricaturé par les historiens. Passage en revue.

Les dreyfusards étaient de gauche, les antidreyfusards, de droite. Cette vision manichéenne ne résiste pas à l'analyse -n'en déplaise à Lionel Jospin, qui reprit cette thèse lors d'un malheureux discours à l'Assemblée en 1998. Les premiers dreyfusards sont surtout des républicains modérés. Auguste Scheurer-Kestner, vice-Président du Sénat, incarne cette tradition prudemment conservatrice, soutenue par une poignée de catholiques libéraux. Un juridisme pointilleux doublé d'une commune aversion pour l'arbitraire les incite à dénoncer avant les autres l'erreur judiciaire de 1894. 

Hormis la grande voix de Jaurès, les socialistes tardent à prendre parti. Champion du marxisme orthodoxe, Jules Guesde répugnera toujours à s'engager dans une affaire qui, selon lui, ne fait qu'opposer les fractions rivales du capitalisme - Juifs et catholiques. Ce n'est qu'après l'orage, au début des années 1900, que socialistes et radicaux s'approprieront la geste du combat dreyfusard. Ils profiteront de l'occasion pour solder leurs comptes avec l'Église catholique. 

Reste une minorité bruyante et en effet ancrée à l'ultradroite, celle des enragés de l'antisémitisme et autres partisans du coup de force. Cette tendance ne sera jamais représentative des forces profondes de l'antidreyfusisme, lui aussi modéré, légaliste et républicain… Lire la suite.

Source: http://www.lexpress.fr/culture/livre/dreyfus-toute-une-affaire_1621496.html#vVf5bxQ542V3c5fu.99

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