Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

« Lettre à un ami israélien »

29 Mai 2018 | 430 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Cher Bruno Frappat

Je suis un fidèle lecteur de La Croix depuis de nombreuses années, et j’apprécie en particulier la qualité et la hauteur de vue de votre chronique. C’est pourquoi je souhaite répondre à votre « Lettre à un ami israélien », qui, je dois le dire, m’a bouleversé (La Croix des 19, 20 et 21 mai, à lire ci-dessous).

Je ne vous ferai pas l’injure de revenir sur l’histoire de Gaza, de la prise de pouvoir du Hamas par la violence un an après le départ des Israéliens, ni vous rappeler l’idéologie du Hamas et notamment l’article 7 de leur charte.

Je comprends que vous soyez opposé à la politique du gouvernement israélien ; beaucoup d’Israéliens le sont aussi, mais pratiquement aucun d’eux n’aurait réagi différemment pour s’opposer à ce qui était une tentative soigneusement organisée et pas pacifique du tout d’envoyer des militants en Israël pour tuer et/ou enlever des civils israéliens. Je n’ai aucun doute sur ce qu’aurait fait le « Juste » Isaac Rabin.

Je suis accablé par votre comparaison entre Gaza et le ghetto de Varsovie. Elle ne mérite pas de commentaire.

Je ne crois pas que les Palestiniens ont fait « comme l’aurait fait n’importe quel autre peuple… » Il y a eu des dizaines de millions de réfugiés dans le monde de l’après-guerre. J’ai été, enfant, « réfugié polonais ». Ils ont refait leur vie dans des pays d’accueil, y compris les centaines de milliers de Juifs chassés des pays musulmans. Tous, sauf les Palestiniens, éduqués dans la haine contre Israël et surtout victimes du refus des pays arabes (sauf la Jordanie) à les intégrer.

Oui, la situation des Palestiniens de Gaza est dramatique. Mais pourquoi ne rappelez-vous donc pas que, Israël dans un choix difficile, a quitté l’enclave qui n’est occupée aujourd’hui que par le Hamas qui, entre l’utilisation des aides internationales pour le développement économique ou la guerre, a constamment choisi la guerre ?

Je vous réitère mon respect très sincère.

Richard Prasquier, président d’honneur du Crif