Blog du Crif - “Une autre idée du monde” avec Bernard-Henri Lévy, par Michaël de Saint Cheron

21 Juin 2021 | 139 vue(s)
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Actualité

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

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A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

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Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

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Opinion

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

On ne le dira jamais assez : la parution d’ouvrages de poésie, en général et dans le domaine juif en particulier est devenue assez rare pour qu’on ne salue pas avec plaisir la sortie d’un nouveau recueil. Dans ce nouveau livre, la peintre et poétesse Sarah Mostrel nous offre un ensemble de textes inspirés de la Bible et des textes fondamentaux du judaïsme.

Remi Huppert est un spécialiste des Juifs de Chine. On lui doit notamment Destin d’un Juif de Chine (1). Dans son nouveau roman, le judaïsme est toujours présent.

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

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Parallèlement à son dernier livre «  (Grasset), voici que Bernard-Henri Lévy sort son film Une autre idée du monde, réalisé avec Marc Roussel et produit par Kristina Larsen. Le film est né de ses reportages réalisés depuis quatre ans, pour Paris-Match, grâce à son regretté directeur, Olivier Royant. Et Bernard partit presque partout, où une tragédie humaine s’est produite, c’est-à-dire partout où lui et son équipe ont pu se rendre. Ce qui exclut la Chine en particulier et la tragédie des Ouïghours et quelques autres zones trop dangereuses ou surtout interdites comme Myanmar (ancienne Birmanie). Chaque image ou presque rend ce film déchirant, et souvent terrifiant par les récits et les témoignages qu’il véhicule. Bernard-Henri Lévy, Marc Roussel, Gilles Hertzog, son compagnon de toujours ou presque, et leur équipe, ont ainsi été en Erythrée, en Bosnie, en Afghanistan, mais plus encore au Nigeria, à la recherche des chrétiens persécutés, au pays des Kurdes, à la rencontre de ce peuple haï des Turcs, des Irakiens, des Syriens, en Ukraine, à Mogadiscio, au Bangladesh, où, infatigable, Bernard (né en 1948) retourne depuis ses 20 ans, c’est-à-dire depuis son engagement primordial pour cette terre qu’il a élue en 1971, après un certain appel de Malraux, et enfin son retour en Europe, sur l’île de Lesbos, à la rencontre des réfugiés, qui y vivent dans des conditions abjectes, qui font honte aux Grecs, à l’Union Européenne, à l’Européen, à la démocratie, privés d’espoir qu’ils sont, ces migrants, de soins, d’eau, avec un taux terrible de suicides de jeunes.

Beaucoup de personnes ne se gênent pas pour critiquer BHL sur beaucoup de point de sa personnalité, notamment son égotisme, comme pas mal d’écrivains sans doute, mais depuis Les Indes rouges, quel écrivain de sa génération, hormis son aîné Régis Debray, aura tant pris de risques réels à parcourir le monde des conflits, des génocides, des catastrophes humanitaires ? Il cite beaucoup ses pairs et ses phares, Byron, notre cher Malraux, que nous avons en commun depuis son appel pour le Bangladesh en 1971, pour lui, mon aîné, et pour moi, depuis son voyage de la reconnaissance en Inde et au Bangladesh en avril 1973. Mais Bernard-Henri Lévy n’oublie pas non plus Rimbaud et beaucoup d’autres grands écrivains engagés ou grands témoins, jusqu’à Roger Stéphane, qui fut l’un des témoins majeurs et compagnons de Malraux dans la Résistance. Mais un autre écrivain, mort il y a juste cinq ans, auréolé de son prix Nobel de la paix de 1986, je veux dire Elie Wiesel, avait ouvert la voie. Lui, le rescapé d’Auschwitz-Birkenau et de Buchenwald, avait ouvert la voie pour les grandes causes humanitaires de son époque, le Vietnam, le Biafra, l’Apartheid en Afrique du sud, mais aussi la Bosnie, Sarajevo, allant au camp de Banja Luka. Il avait été l’un des premiers témoins de la Shoah, au nom de la mémoire du pire de ce que l’homme peut faire à l’homme, à avoir arpenté les terres de tragédies. C’est même à la frontière du Cambodge, il me souvient, que Wiesel et B-H Lévy se sont rencontrés la toute première fois. Voici d’ailleurs ce que Bernard en disait, au moment de la mort de notre ami commun, en juillet 2016, au Point :

« C'est là, d'ailleurs, que je l'ai vu pour la première fois. À la frontière du Cambodge qui sortait d'un génocide. Il avait une conviction inébranlable : l'exception n'exclut pas, elle oblige ; le souvenir de la Shoah ne ferme pas, il ouvre ; ne pas céder sur la Shoah n'avait, pour lui, qu'un sens – nous rendre attentifs au toujours possible retour de l'horreur. C'était, en tous les sens possibles, un grand Juif. » J’aime à me souvenir de cette rencontre en ce 5ème anniversaire de la disparition de l’auteur de La nuit. Bernard-Henri Lévy ne le mentionne pas, ou juste en passant, dans ce livre si poignant Sur la route des hommes sans nom…

Quand on interroge Bernard-Henri Lévy sur l’importance des visages dans son film, il explique qu’il est « à la fois le point d’affleurement de toute la misère, de la splendeur, de l’horreur, de la gloire de la condition humaine.  Le visage est ma pierre de Rosette, car c’est là que le monde se donne à voir dans sa déréliction et sa nudité. Nous avons tourné des heures et des heures de visage parce que je  savais qu’à un moment il y aurait un regard bien plus riche, sensible, éloquent que n’importe quel discours. […] Que ce soit en Somalie, au Kurdistan ou encore là, en Afghanistan, ce qui m’intéresse c’est l’existence, la résistance, le surgissement et, encore une fois, le visage de ceux qui refusent que l’islamisme radical dicte sa loi à eux, au reste de l’Islam et au monde. »

Qui oubliera le visage et les paroles suffoquées de cette chrétienne, Jumai Victor, « très belle », au corps altier malgré son bras tranché à la machette après qu’elle assista à la tuerie de ses quatre enfants ? «…on dirait qu’elle a perdu son visage en même temps que son bras. C’est la voix de son chef de village, quand il traduit, qui s’étrangle. » Même Bernard-Henri Lévy manque de mots pour dire cette tragédie « dans le nu de la vie », pour emprunter son titre à Jean Hatzfeld, un frère des massacrés du Rwanda. Et Bernard, en voix off, de nous apprendre que Jumai Victor a finalement été assassinée à son tour.

Et dans toute cette tragédie sans fin, dans toutes ces tragédies, traversées par Bernard-Henri Lévy, cet écrivain intranquille, comme poursuivi par le malheur des autres, on ne dira pas qu’il n’a pas risqué, à certains moments, sa propre vie… Mais il n’en a cure… Et c’est aussi là son honneur, de rendre un visage et une voix à ceux qui n’en ont plus… pour qu’ils puissent peut-être un jour les recouvrer.

 

Michaël de Saint Cheron

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