Lu dans la presse
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Publié le 9 Mars 2021

France - Delphine Horvilleur, philosopher avec la mort

“Il s’agit au fond d’accepter que le propre de la mort est qu’on n’y est plus vivant “ nous dit Delphine Horvilleur, notre invitée, car c'est là l'une de nos plus grandes difficultés face à la mort.

Publié le 3 mars dans France Culture

Avec Delphine Horvilleur, rabbin. À écouter ici.

La mort, en dépit de tous nos efforts pour la mettre à distance, s'est rappelée à nos existences à travers une pandémie mondiale qui habite désormais tous les aspects de notre quotidien.

Le langage échappe à la mort. Quand on accompagne des endeuillés et qu’on cherche à placer des mots, c’est un façon de dire que la mort n’aura pas le dernier mot, puisque notre langage va échapper à ses ténèbres. Quand on conserve les mots, on fait un peu gagner la vie. (Delphine Horvilleur)

Delphine Horvilleur fait elle aussi face à la mort au quotidien. Rabbin de Judaïsme en Mouvement et directrice de la rédaction de la revue trimestrielle Tenou'a, elle était déjà venue nous parler en 2019 de son ouvrage Réflexions sur la question antisémite (Grasset, 2019), aux côtés de l’écrivaine Claude Habib.

Le monde ne se partage pas entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, mais entre ceux qui font dans leur monde de la place à l’autre et ceux qui refusent d’en faire. La laïcité est l’invitation, dans le cadre offert par la République, à faire qu’il y ait toujours de la place pour l’autre. (Delphine Horvilleur)

Elle publie désormais Vivre avec nos morts. Petit traité de consolation (Grasset, 3 Mars 2021), un livre qui rassemble des vies ou des deuils qu'elle a accompagnés de par sa fonction, mais aussi des réflexions issues de ses propres expériences ou des textes sacrés. De l'enterrement d'Elsa, la « psy » de Charlie lors duquel Delphine Horvilleur officie en « rabbin laïc », à Isaac, que son grand-frère voudrait retrouver et auquel on ne sait pas apporter de réponses, - car comment parler de la mort à un enfant ? -, Delphine Horvilleur côtoie la mort mais aussi la vie, l'une et l'autre se tenant par la main, en particulier dans la religion juive. 

C’est un livre qui a été compliqué à écrire pour moi. D’habitude j’écris des essais qui me permettent de tenir à distance des éléments d’affect. Mais on ne peut pas parler de la mort simplement dans la sphère théorique, il fallait que j’explore de quelle manière elle nous touche. (Delphine Horvilleur)

Ainsi nous présente-t-elle un livre qui ne se veut guère morbide, mais tour à tour émouvant, triste, joyeux, drôle aussi. Un livre pour accepter l'inconnu de la mort, et peut-être ainsi mieux lui faire face.

Au moment où le deuil surgit, on perçoit tous l’arrachement et le seul moyen d’opérer une couture, c’est de raconter des histoires dont les générations suivantes pourront s’emparer : on se transmet un tissu qu’on pourra recoudre. (Delphine Horvilleur)

A noter que ce vendredi, lors de la conversation mondiale, Emmanuel Laurentin reçoit le poète Vincent Barras et Maylis de Kerangal. Ensemble, ils tenteront de répondre à cette question : "Comment vivre avec nos morts ?"

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