Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Retour à Cracovie

22 Août 2023 | 48 vue(s)
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Actualité
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Droit de réponse
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19 Juin 2015
Catégorie : Actualité

Hier Joel Amar nous a fait part de son analyse de la tribune d'A.B Yehoshua publiée dans Libération le 17 Juin dernier " Du bon usage du Boycott d'Israel".

Aujourd'hui, nous publions le " Droit de réponse " d' Alain Rozenkier, Président de " La Paix Maintenant"

Joel Amar analyse la tribune de l'écrivain A.B Yehoshua publiée hier dans Libération : " Du bon usage du Boycott d'Israel" 
Paru sur mediapicking.com

Viralité des messages, impunité des auteurs, Marc Knobel a choisi de faire le constat de la haine sur internet et de la responsabilité des réseaux sociaux.

Portrait de Invité
Retour sur les lieux du Crime
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29 Avril 2015
Catégorie : Actualité

« Ne pas témoigner serait trahir», Pierre Laurent, journaliste, a participé à la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie le 19 avril dernier. Article publié dans l'Est Républicain.

 

"Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants, c'est l'indifférence des bons" (Martin Luther King)

Tribune de marc Knobel publié dans le Huffinghton Post 

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Le film « Retour à Cracovie » a été tourné en 2017. Deux garnements déambulent en rigolant dans la ville de leur enfance où ils n’étaient pas revenus ensemble depuis très, très longtemps. Le plus jeune a 78 ans, il s’appelle Ryszard Horowitz, sa notice Wikipédia indique qu’il habite aux États-Unis depuis 1959 et qu’il est un maître réputé de la photocomposition, dans un style qui fait penser à Dali ou Magritte. Le plus âgé, de toute petite taille, plus effronté encore, ne craint aucune remarque de mauvais goût. Il a 84 ans à l’époque du film. Son premier long métrage, le « Couteau dans l’eau », faisait déjà en 1962 la couverture du Time Magazine et depuis ses films ont gagné toutes les récompenses. Il en présentera un nouveau dans quelques mois, mais on doute qu’il soit distribué sans anicroche. Car ce garnement, Romek Liebling dans son enfance, est plus connu sous le nom de Roman Polanski et ce nom sent le soufre…

 

Les faits remontent à 1977, Polanski, à la suite d’une séance de photographies artistiques a abusé de sa modèle, une enfant de 13 ans. Arrêté le lendemain, condamné à 90 jours de prison, libéré après 40, il apprend que le juge a changé d’avis et désire le condamner à une peine dite de durée indéterminée. Il s’enfuit alors des États-Unis et n’y reviendra plus jamais. Pour ne pas être extradé, il ne vit qu’en France, en Pologne ou en Suisse. Je n’ai pas de compétence juridique, mais en lisant le déroulement de son interminable affaire et les arrière-pensées politiciennes des juges en charge, je me suis dit que la justice française a du bon…

Jean-Marc Rouillan, qui fait toujours l’apologie du terrorisme et a été condamné à perpétuité pour deux assassinats commis en 1985, a participé en mars 2023 à une conférence à l’Université de Bordeaux. Je pense que certains de ceux ou celles qui, au nom de la liberté d’opinion, ne trouvent là rien d’anormal, soutiennent en même temps l’effacement du nom de Roman Polanski et cela me choque…

 

À juste titre, des faits à peine punis auparavant sont aujourd’hui considérés comme des crimes. Mais de là à un acharnement de près d’un demi-siècle, il y a un pas, et les accusations de prédation sexuelle qui entourent Polanski par ailleurs n’ont jamais été retenues par la justice. Pourquoi pareille fixation sur un homme dont les comportements étaient probablement analogues à ceux de beaucoup de ses confrères dans un milieu alors très permissif ? Est-ce parce qu’il est Juif et que ce comportement correspond à un schéma antisémite bien connu ? Je ne pense pas que nous en ayons la preuve, même si certains ne sont pas fâchés de voir trainer dans la boue le cinéaste du « Pianiste » et de « L’Affaire Dreyfus ».

Est-ce par peur du qu’en dira-t-on qu’on ne peut voir « Retour à Cracovie » que dans un nombre minime de salles ? Ce serait là un scandale témoignant une fois de plus du danger d’une bien pensance avide d’interdits.

Certains distributeurs prétendent que c’est l’insuffisante qualité d’un film qui, rappelons-le, n’est pas un film de Polanski, qui est entrée en ligne de compte.

 

Il est vrai que ce film peut déconcerter. Ce n’est pas là que le spectateur apprendra le déroulement du drame qui s’est déroulé dans le ghetto de Cracovie, drame dont rend compte « La liste de Schindler », un film auquel Polanski avait refusé de participer parce qu’il en était trop proche. Des événements, on ne voit que quelques images et des bribes de souvenirs souvent décrits avec une distance ironique. Je pense à ces musiciens juifs mourant de faim jouant en smoking les mélodies les plus sentimentales, ou au petit Romek qui se faufile sous les barbelés du ghetto pour chercher en ville, non pas des aliments mais des timbres pour sa collection.

Celui qui attend des survivants qu’ils décrivent, qu’ils « expliquent » ce qui s’est passé, qu’ils élargissent leur expérience propre par une leçon morale à visée universelle, sera déçu. C’est plutôt l’ambiance d’un monde de folie et de hasard que les deux protagonistes nous présentent.

 

Horowitz fut le plus jeune des enfants protégés par Schindler, il a passé plusieurs mois à Auschwitz à l’âge de cinq ans sans être gazé et a retrouvé sa mère après-guerre car elle l’a reconnu dans le film sur la libération du camp. Il ne veut pas cacher ses ignorances personnelles. Du camp d’Auschwitz, il ne se rappelle rien, si ce n’est le jour de sa libération où il a eu très peur des soldats soviétiques. Il a tout lu et tout vu sur la Shoah, mais il n’en dit rien dans ce film.

Comme Polanski, il ne veut pas jouer au moraliste. Or, en restant cantonnés à leur expérience, ces deux hommes font plus que donner une leçon d’histoire, ils nous apprennent comment, à quel prix aussi, ils ont pu non pas survivre, mais vivre après. Pour cela il valait mieux surmonter la mémoire, et l’humour, apparemment cynique, était une arme puissante.

C’est la vérité de cette force vitale qui m’a frappé. Il ne fallait pas se laisser noyer par sa mémoire, ne pas se vivre comme victime et uniquement comme victime. Or, paradoxalement, ce message est le même que celui que répète avec force Samantha Galley, aujourd’hui Samantha Geimer, cette jeune fille que Polanski a violée il y a 45 ans : elle n’a pas voulu jouer le rôle de victime qu’on lui assignait et a toujours été hostile au harcèlement judiciaire contre Polanski. 

Polanski et Horowitz ont pu vivre, et parvenir au sommet de leur art, grâce à une cuirasse mentale qui les protégeait d’un trop plein d’affects, car le souvenir fait mal. Cette cuirasse n’est pas hermétique, elle est traversée dans le film par des remarques fugitives, comme celles où Polanski parle de l’arrestation de sa mère qui ne reviendra pas d’Auschwitz, ou quand, au cours d’une cérémonie de remise de médaille des Justes, il prend dans ses bras le descendant de la très modeste famille de paysans polonais qui lui a permis de survivre. 

La force de ces moments donne à ce qu’un critique a appelé une « déambulation hagarde » sa profonde humanité.

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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