Editorial du président
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Publié le 5 Février 2013

Commémoration à Drancy

Certaines cérémonies ne sont pas seulement des injections d’un optimisme fugace : elles changent la trame des avenirs possibles. Hassen Chalghoumi a réussi son pari. Ceux qui décrivaient cet homme comme isolé, voire comme une pure création médiatique, en sont pour leurs frais. Ce sont des dizaines d’imams qui l’ont accompagné au camp de Drancy et qui ont appris au Mémorial de Drancy ce que fut la déportation des Juifs de France. 

Richard Prasquier

C’est bien pour moi et pour le CRIF un honneur que d’être les amis de l’imam Hassen Chalghoumi

Ensuite plusieurs centaines de personnes ont partagé un repas fraternel en commémoration du Mouloud, l’anniversaire de la naissance du Prophète, en présence entre autres du Préfet du 93, Christian Lambert, de la représentante du Président de la République, Constance Rivière, du Député-maire de Drancy, Christophe Lagarde, du Président du Conseil Général, Stéphane Troussel, de Valérie Pécresse, mais aussi de l’Ambassadeur d’Israël, de Marek Halter, de l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou et de plusieurs membres et représentants de la communauté juive, parmi lesquels le Président des Consistoires, le Président du Mémorial de la Shoah et votre serviteur. Il faut y ajouter une délégation importante de l’American Jewish Committee venue ces jours-ci à Paris avec à sa tête le Président Robert Erman et le Directeur Exécutif David Harris.

 

C’est la présence du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui a donné tout son sens à la soirée. En déposant devant le monument de Shelomo Selinger une gerbe en même temps que l’imam de Drancy et le Président du CRIF, il a rappelé que la leçon de la Shoah était universelle et qu’elle était actuelle. En assistant au diner et en y prononçant un remarquable discours, il a souligné comme la République était attentive au fait que l’Islam prenne dans notre pays la place apaisée qui doit être la sienne, d’un Islam éloigné des dérives radicales et des manipulations étrangères au sujet desquelles il est nécessaire d’être d’une parfaite lucidité et d’une implacable fermeté.

 

C’est précisément cet Islam importé, intolérant et meurtrier que la France est allée combattre au Mali, un pays dont les habitants vivent traditionnellement leur religion de façon ouverte et accueillante.

 

Hassen Chalghoumi poursuit depuis plusieurs années son combat pacifique avec une très grande cohérence, malgré les risques physiques, les insultes, l’hostilité plus ou moins masquée ou bien encore le paternalisme quelque peu méprisant. Je l’ai connu en 2009, à l’époque de Plomb Durci. Il fallait alors beaucoup de courage pour afficher ses relations avec la communauté juive. Certains des imams qui l’ont suivi ont perdu leur emploi dans leur communauté. Beaucoup d’autres ont été menacés.

 

Cette force intérieure qui lui  fait si souvent renverser de façon tranquille les barrages mentaux les plus établis a conduit récemment Hassen Chalghoumi et ses amis en Israël dans un voyage d’une haute portée symbolique.

 

Au cours d’une intervention, l’imam de Drancy a rendu hommage à l’Ambassadeur d’Israël qui l’a beaucoup soutenu dans ce projet, à son vieux complice Marek Halter, ainsi qu’à Tarak Ben Ammar, patron de la chaîne Nessma dont les objectifs  de tolérance et de paix sont en harmonie avec les siens.

 

Pourquoi ne pas le dire aussi, il m’a également remercié et ne s’est pas offusqué du qualificatif violent dont il a souvent été affublé, celui de « imam du CRIF ». Un mensonge de plus, évidemment, mais c’est bien pour moi et pour le CRIF un honneur  que d’être les amis de l’imam Hassen Chalghoumi.

 

Richard Prasquier

Président du CRIF