La question va au-delà : comment une chaine qui se prétend honorable a-t-elle même pu envisager de diffuser des images dont tout indique que leur sauvagerie est insoutenable ? Comment n’a-t-elle pas pensé à la douleur de familles déjà atteintes au-delà du supportable ? Al Jazeera répondra « liberté d’information… », peut-être même poussera-t-elle l’hypocrisie jusqu’à prétendre qu’il s’agissait de pédagogie pour détourner par l’horreur même ceux qui envisageraient de suivre ce chemin.
À d’autres…
La vérité est, au mieux, que la chaine est strictement indifférente à ce que ressentent les victimes et est prête à faire de l’argent, ou du « buzz », par n’importe quel moyen. Au pire c’est que Al Jazeera qui a toujours eu dans son cabinet noir des complaisances pour Al Qaida et ses émules, n’aurait pas trouvé illogique de projeter des vidéos comme celles qui, on le sait, faisaient ou font la délectation de Mohamed Merah et de ses amis.
La décapitation étant un peu banalisée ces temps-ci, le spectacle d’assassinats d’enfants à bout portant doit être un excellent moyen d’aguerrir les apprentis djihadistes. Je me demande ce qu’en pense le bon imam Qaradhawi, le garant spirituel et prêcheur vedette de la chaine, dont la venue au Bourget vient d’être interdite. Approuve-t-il ces assassinats ? Non bien sûr, il ne faut pas confondre ; lui n’est pas un salafiste terroriste, bien au contraire, il est un Frère musulman, autrement dit un modéré, qui prône les attentats suicides et le meurtre des Juifs, fils de porcs et de singes, mais pour plus tard et dans un autre contexte. Et que dit de la diffusion de ces images cette autre vedette du Qatar, Tariq Ramadan, cet homme si éloquent, si bien habillé, si libéral pour tout dire, qui pense que certes, il faut lapider les femmes adultères, mais pas tout de suite, et qu’on peut accepter un moratoire avant de faire notre devoir.
Enfin, est-ce que c’est en diffusant ces images que le Qatar voulait aider à la réhabilitation de nos banlieues pour laquelle il est prêt à engager 50 millions d’euros ?
Vous avez dit sordide ?
Richard Prasquier,
Président du CRIF.