Lu dans la presse
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Publié le 27 Octobre 2020

France - 18 mois ferme pour des menaces de mort contre l'avocate de Lassana Bathily

Me Samia Maktouf, conseil du héros de l'Hyper Cacher, avait fait l'objet d'attaques sur Facebook. Le procès s'est tenu ce lundi après-midi à Marseille.

Publié le 26 octobre dans Le Point

Depuis le 2 septembre, date de l'ouverture du procès aux assises des complices des terroristes des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher perpétrés en janvier 2015, l'avocate Samia Maktouf se tient aux côtés de son client Lassana Bathily. Ce magasinier du supermarché de produits casher a sauvé la vie de plusieurs clients et employés durant la prise d'otages menée par le terroriste islamiste Amedy Coulibaly.

La robe noire est connue pour ses engagements contre l'islamisme radical depuis l'affaire Merah, le jeune djihadiste auteur de l'assassinat de militaires et du massacre dans une école juive à Toulouse en 2012. Elle assiste généralement, les familles des victimes du terrorisme. C'est elle, cette fois, qui est prise pour cible depuis plusieurs semaines. Avec une intensité redoublée après l'assassinat, le 16 octobre, de Samuel Paty, professeur d'histoire-géo devant son collège de Conflans-Sainte-Honorine.

Incarcéré depuis jeudi

Elle est menacée via Facebook par un homme qui se présente comme « musulman » et lui promet la « tombe prochainement », car elle défend les « mécréants » plutôt que de « défendre le prophète de l'islam ». Selon lui, les « Charlie sont tous en enfer et tu les rejoindras, sale harki ». Les menaces ont été prises très au sérieux par la police. Après une recherche rapide, l'auteur se présentait sur le réseau social sous sa véritable identité, il a été interpellé et placé en détention jeudi dernier. L'avocate a déposé une plainte. Le suspect a été jugé ce lundi après-midi en audience correctionnelle devant le tribunal judiciaire de Marseille. L'individu, défavorablement connu des services de police et de la justice, a écopé cet après-midi de 3 ans de prison dont 18 mois ferme. Outre ses propos menaçants et outrageants, l'auteur s'était filmé une machette à la main. La vidéo a été diffusée durant le procès.

Le conseil de l'ordre des avocats s'est constitué partie civile et a mandaté deux de ses représentants, maîtres Sophie Andrieu et Yassine Yakouti, pour défendre leur consœur. « Le bâtonnier Olivier Cousi entend rappeler qu'aucun avocat ne doit être menacé dans l'exercice de sa profession. S'en prendre à l'un d'eux, c'est s'en prendre à la démocratie. Nous appelons les pouvoirs publics à assurer la sécurité de Me Maktouf », explique Me Yakouti, qui a plaidé à Marseille.