Lu dans la presse
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Publié le 4 Novembre 2020

France - Essonne : un homme interpellé après avoir menacé de "venger le prophète" devant une école

Tandis qu’un homme a annoncé vouloir «venger le prophète» ce lundi devant une école primaire à Athis-Mons, d’autres incidents ont eu lieu dans des établissements scolaires aux Ulis et à Longpont-sur-Orge.

Publié le 3 novembre dans Le Parisien

« Sur Allah le prophète, je vais te venger, ces saletés de profs vont payer! » Ce lundi matin, les propos criés par un homme qui faisait son jogging devant l'école élémentaire Jean-Jaurès, à Athis-Mons (Essonne), ont de quoi inquiéter. « Une enseignante a entendu à deux reprises des menaces alors qu'elle prenait sa pause à l'extérieur », indique une source policière.

« L'enseignante a déposé plainte ce mardi pour menaces », confirme une source proche du dossier. Une enquête est en cours au commissariat de secteur de Juvisy-sur-Orge. Contactée par l'établissement, la police s'est rendue ce mardi à l'école Jean-Jaurès pour établir une « sécurisation ».

«Des gestes de prière et le doigt en l'air»

Selon une autre source, proche de l'établissement, l'homme est réapparu ce mardi aux alentours de l'école juste avant le début des cours. Il aurait menacé l'une des enseignantes en la regardant fixement, avant de faire « des gestes de prière et le doigt en l'air », indique cette source.

L’homme, connu de la justice, a été identifié et interpellé ce mercredi à Athis-Mons. « Les vies de ces profs sont en danger, s'alarme un proche du personnel éducatif. L'homme est pourtant passé deux jours de suite aux mêmes heures. »

L'école Jean-Jaurès compte près de 480 élèves et une vingtaine de personnels encadrants. « Nous sommes en coordination étroite avec la police nationale pour assurer leur sécurité et maintenir un climat de sérénité, insiste Jean-Jacques Grousseau, le maire (PS) d'Athis-Mons. Il y a un dispositif de vigilance, je laisse désormais la justice faire son travail. »

Aux Ulis, l'homme rentré dans un lycée sans s'identifier était un ouvrier

L'inquiétude a gagné un autre établissement scolaire de l'Essonne ce mardi matin. Aux Ulis, l'alarme intrusion du lycée de l'Essouriau s'est déclenchée alors que les élèves étaient en cours vers 11h45. Un homme est entré dans le lycée sans se présenter à l'accueil extérieur. « La direction a donc activé le plan particulier de mise en alerte », explique le maire (PS) des Ulis, Clovis Cassan.

En plein plan Vigipirate, les lycéens ont été obligés de rester confinés le temps que les policiers interpellent le suspect. En réalité, il s'agissait d'un ouvrier intervenant sur un chantier dans l'établissement. Il n'aurait pas été déclaré par son entreprise et ne parlait pas français. « Rien de délictueux », confirme une source policière.

De quoi inquiéter, toutefois, le maire des Ulis, dans ce climat « anxiogène ». Dans une lettre adressée à Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région Ile-de-France, qui gère les lycées, il « s'étonne que des entreprises qui interviennent sous la responsabilité de la région fassent preuve d'autant d'inconséquence ».

A Longpont-sur-Orge, des messages anti-masques

A Longpont-sur-Orge, si le retour des enfants et l'hommage rendu à Samuel Paty se sont bien déroulés ce lundi, une vive émotion a animé le groupe scolaire de Lormoy, dès mardi matin. Dans la nuit de lundi à mardi, l'établissement a été tagué de nombreux messages anti-masques. Un peu de lecture attendait parents et enfants à leur arrivée aux abords de l'une des entrées des lieux, côté école primaire.

«Ce n'est pas de la liberté d'expression, c'est juste du vandalisme !»

A la vue de ce badigeonnage, le sang d'Alain Lamour, le maire (divers gauche) de Longpont-sur-Orge, n'a fait qu'un tour. « Ce n'est pas de la liberté d'expression, c'est juste du vandalisme ! » fulmine-t-il contre le ou les auteurs, qu'il qualifie de « sinistres crétins ». « Faire ça une journée après avoir demandé aux enfants de réfléchir sur la tolérance et le respect de l'autre, c'est inqualifiable », juge-t-il.

La mairie s'est empressée de déposer plainte. Alain Lamour a aussi dû mobiliser deux agents communaux pour effacer sans tarder les graffitis, à l'aide de systèmes de nettoyage haute-pression. « Malheureusement la bombe de peinture, c'est redoutable », confie l'un d'entre eux. Malgré de longues heures de travail, les lettres se devinent toujours. Le binôme devra revenir pour terminer le travail, sans doute sous les yeux des parents. « Certains se sont proposés de venir aider au nettoyage, confie l'élu. J'ai dû refuser, mais je les remercie pour cette attention. »

Du côté des parents, l'avis semble unanime. Mère de deux enfants en primaire, Priscilla, 31 ans, trouve « honteux » cette manière de manifester sa désapprobation contre une décision gouvernementale. « Moi, si j'ai quelque chose à dire à Emmanuel Macron, je lui envoie une lettre directement, je ne vais pas aller écrire sur les murs de l'école », déclare-t-elle.