Lu dans la presse
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Publié le 2 Mars 2020

France/Terrorisme - Attaque à la préfecture : la piste terroriste renforcée

Juste avant le début de la tuerie, Mickaël Harpon avait cherché sur son téléphone «comment tuer des infidèles».

Publié le 26 février dans Libération

Une recherche effectuée sur Internet par Mickaël Harpon une heure avant son attaque à la préfecture de police de Paris, le 3 octobre, vient renforcer la piste terroriste suivie par les enquêteurs. « Juste avant son passage à l’acte, il a cherché sur son téléphone "Comment tuer les infidèles" », indique à Libération une source judiciaire, confirmant une information du Parisien. Cet élément arrive tard dans la procédure car le téléphone était protégé par un mot de passe que les enquêteurs ont dû contourner. « C’est un élément important qui montre que les victimes ont été visées parce qu’elles étaient considérées comme des infidèles, alors que d’autres motifs, comme des conflits professionnels, avaient été évoqués», commente cette même source, qui ajoute que «les exploitations techniques ne sont pas terminées ».

Le 3 octobre, Mickaël Harpon, agent administratif de la préfecture de police de Paris, a tué au couteau quatre de ses collègues dans l’enceinte même de la prestigieuse institution, avant d’être abattu. L’enquête sur cette affaire, confiée à des juges d’instruction antiterroristes, n’a pas encore pu déterminer officiellement les motivations de cet agent converti à l’islam il y a une dizaine d’années et soupçonné de radicalisation.

L’attaque, dont le mode opératoire correspond aux appels récurrents de l'Etat islamique à s’attaquer aux forces de l’ordre et aux représentants de l’Etat, n’a pas été revendiquée. L’organisation terroriste l’a toutefois mentionnée dans une de ses lettres hebdomadaires de propagande.

Dans le téléphone de l’épouse de Mickaël Harpon, les policiers avaient retrouvé 33 SMS échangés avec son mari le matin du drame, avec des propos à connotation religieuse. Cette femme de 38 ans, souffrant comme son mari de surdité, a assuré aux enquêteurs n’avoir jamais eu connaissance du projet de son époux. Elle a décrit une crise qui avait agité Mickaël Harpon la nuit précédant l’attaque. Des voisins l’ont aussi entendu crier à plusieurs reprises «Allah akbar» cette nuit-là.

Une commission d’enquête parlementaire travaille actuellement sur ce dossier. Certains de ses membres ont insisté sur l’absence de remontée d’informations concernant des soupçons de radicalisation de Mickaël Harpon, alors que, selon un rapport interne rédigé après la tuerie, il aurait déclaré à un collègue à propos de l’attentat de Charlie Hebdo : « C’est bien fait. »