Tribune
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Publié le 30 Janvier 2013

Quand le boycott s'institutionnalise

 

Par Caroll Azoulay, pour le n°1241 d’Actualité Juive

 

Avocats, dattes, cerises, pamplemousses et oranges... Les fruits et légumes israéliens sont dans la ligne de mire des campagnes de boycott anti-israélien qui veulent interdire leur exportation. 

 

« Nous, Palestiniens et Européens, ensemble, affirmons notre détermination à mettre un terme à la présence d'Agrexco en Europe (...) Vendus sous des noms de marque tels que Carmel, Corail, Biotop, Eco-Fresh, etc. Ces produits incarnent la souffrance des Palestiniens : cultivés sur des terres volées avec de l'eau volée, produits par l'exploitation de main-d’œuvre palestinienne -y compris le travail des enfants - ils sont partie intégrante d'une politique de colonisation, de dépossession et d'apartheid menée par Israël en Palestine. (...) Agrexco (...) nuit à l'environnement et détruit l'agriculture paysanne en Palestine ainsi qu'en Europe ».

 

Cet appel résume probablement le mieux la campagne internationale de boycott lancée contre les produits agricoles israéliens par l'organisation palestinienne BDS (Boycott Desinvestissement Sanctions), créée en 2005.

 

BDS a instalé de nombreuses antennes dans différents pays dont la France qui a ouvert le site Internet du parfait boycotteur.

 

Liste des entreprises ou produits israéliens à boycotter, palmarès des artistes ayant annulé leur concert en Israël, « ressources juridiques », déclinaison des différents types de boycott à imposer à Israël, BDS France s'illustre par un activisme « ultra actif ».

 

Celui appliqué aux produits de l'agriculture israélienne étant probablement le plus privilégié, au point que les « organisations agricoles palestiniennes et le Comité national palestinien du BDS (le BNC) appellent au lancement de campagnes dans le monde entier, le 9 février 2013, contre les sociétés d'exportation agricole israéliennes ».

 

Et pour cause, parmi les trophées de chasse de BDS figure l'emblématique société israélienne Agrexco dédiée à l'exportation de produits agricoles et mise en faillite en 2011, en partie à cause d'une campagne menée par 20 organisations dans 13 pays sous l'impulsion de BDS.

 

Une « victoire » que les militants du boycott anti-israélien souhaiteraient reproduire.

 

Parmi les sociétés de fruits et légumes visées, Carmel. Jaffa ou Coral dont les produits ont plusieurs fois été l'objet d'opérations éclair dans les supermarchés français.

 

Des opérations basées sur une notion déclarée définitivement illégale par la Cour de cassation en mai 2012 qui a réaffirmé le « caractère illégal et délictueux » des appels au boycott des produits israéliens.

 

Pas encore élu, François Hollande affirmait de son côté être « totalement opposé au boycott des produits israéliens, qui est illégal et qui ne sert pas la cause de la paix ».

 

Si les agriculteurs israéliens s'accordent à dire que le boycott n'affecte que très marginalement les ventes, il n'en demeure pas moins que 10% d'entre eux avouaient que leurs carnets de commandes avaient enregistré de sérieuses baisses suite à l'opération « Plomb durci » menée à Gaza en 2009, et ce, en raison de nombreux appels au boycott.

 

Afin que des scénarios identiques ne puissent se reproduire, de nombreux réseaux se sont mis en place au sein des communautés juives dans le monde pour encourager à l'achat de produits israéliens, dénoncer les tentatives de boycott et rester vigilants face à cette manifestation primaire d'un antisionisme de bas étage.

 

À lire sur le site du CRIF :

 

« Le boycott d’Israël, que dit le droit ? », par Michaël Ghnassia.

 

« La jurisprudence en France concernant la discrimination et le boycott », par Pascal Markowicz.

 

« Boycotter les produits d'Israël ? Non, ce n'est pas de la "liberté d'expression" », par Michaël Ghnassia.

 

« Délégitimation d’Israël par la campagne BDS », un dossier téléchargeable en PDFde Maitre Pascal Markowicz.

 

« N’en déplaise aux partisans de la campagne BDS, le boycott des produits israéliens est illégal en France : la Cour de cassation vient à nouveau de confirmer la constance de cette jurisprudence ».

 

« La campagne BDS peut-elle engendrer des actes antisémites? », par Pascal Markowicz.

 

« BDS: faut-il tolérer l'intolérance? ».