Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean Pierre Allali - Le maître du Talmud, de Eliette Abécassis

20 April 2018 | 352 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Opinion

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Le maître du Talmud, de Eliette Abécassis*

C’est un véritable thriller talmudique que nous offre Eliette Abecassis dans son nouveau roman.

Nous sommes à Paris, en 1240, au temps du bon roi Louis et de sa mère, la douce Blanche de Castille. Bon, douce, une façon de parler. Le saint Louis, obsédé par la purification de son royaume, et sa maman n’étaient pas vraiment bons, ni doux, du moins pour les Juifs du pays.

Autour de Sire Vives, alias Rabbi Yéhiel de Paris, encore nommé Vivus Meldensis, les étudiants de la yeshiva, du « Beth Hamidrach », étudient jour et nuit. Car, pour eux, seuls les textes, la parole divine, font vivre. Les textes et, bien sûr, leurs commentaires, réunis dans les volumes sacrés du Talmud.

Il y a là, notamment, Joseph et Samuel, Ezechiel, l’instructeur et le narrateur, Eliezer Cohen, dont on découvrira, plus tard, qu’il s’appela un jour, dans une autre vie, Luc d’Apremont.

Alors que la communauté juive vaque à ses occupations, c’est le drame. Un crime vient d’avoir lieu. Un bébé ensanglanté est découvert, enveloppé dans un linge sur lequel est inscrite, à l’encre noire, la formule « Yoma 37b » qui renvoie à un traité du Talmud.. Pour la foule chrétienne qui accourt de tous côtés, aucun doute : les coupables, ce sont les Juifs, les « tueurs du Christ ». Pour elle, on est indubitablement en présence d’un crime rituel.

Yehiel et sa communauté ne pourront pas échapper à une disputation à la cour du roi. Une occasion pour les ennemis des Juifs de les tourner en ridicule avant d’organiser un brûlement du Talmud en place de Grève.

La controverse, initiée par le renégat juif Nicolas Donin, opposera Sire Vives accompagné des rabbins Moïse de Coucy, Judah Ben David de Melun et Samuel Salomon dit sire Morel de Falaise aux plus grands théologiens catholiques du royaume : Gauthier Cornu, archevêque de Sens, Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris et Eudes de Châteauroux, chancelier de l’université.

Après la disputation, que d’une certaine manière, ils ont gagnée, Sire Vives et ses amis, choisissent l’exil pour sauver les précieux volumes du Talmud. Ils se retrouveront…en terre d’Israël.

Les femmes ne sont pas absentes de ce récit haletant : Myriam, l’épouse soumise du Maître et la belle Deborah, qui fut mariée à Nicolas Donin et dont Eliezer est éperdument amoureux. Ou encore Rebecca, qui ne rêve que de Samuel.

Des développements intéressants sur les Karaïtes ajoutent du piment à ce récit haletant qui se lit tout d’une traite.

A découvrir toutes affaires cessantes.

Jean-Pierre Allali

(*) Editions Albin Michel. Mars 2018.366 pages. 22 euros.