Sans bruit, une sale habitude s’est installée. Elle consiste à trouver évident que des manifestations de haine ne concernent vraiment que celles et ceux qui en sont les objets. Comme s’il fallait détenir quelque lien particulier avec les victimes pour être touché, s’indigner, se sentir solidaire, protester, agir. Comme si seuls les proches, les parents, les coreligionnaires, les gens de la même communauté pouvaient se révéler sensibles aux offenses, aux injures, aux violences. Comme si, au fil des ans, tandis que les forfaits s’accentuaient, la solidarité s’amenuisait.
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