Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de jean Pierre Allali: Tunisie AN 1, Journal Tunisien 1955-1956 par Albert Memmi

14 March 2017 | 130 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser...

Une compilation exhaustive, à ce jour, des articles et des interviews que j'ai données à la presse française et internationale.

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

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LES STADES ET LE DATA
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25 May 2016
Catégorie : France

Marc Perelman, auteur d'un livre percutant sur le passé trouble du célèbre architecte Le Corbusier, est aussi un spécialiste des excès du monde du football et, en général, des stades. Dans un petit ouvrage bien documenté, il se penche sur l'influence des "data" sur le public.

 

 

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LECTURES
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24 May 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

La cérémonie se déroulera demain mardi 19 avril à 17h30 au Mémorial de la Shoah à Paris en présence des ambassadeurs de Pologne et d’Israël.

A l'heure où le Front National réalise des scores historiques, la fête de Hanoukah rappelle que les forces politiques qui ne respectent pas les particularismes sont dangereuses

L'EI ne lésine pas sur les moyens et diffuse sur Internet sa propagande ignominieuse...

Il faut croire que certaines alertes ne veulent pas être entendues à temps

Souvent l’on oublie de parler d’eux

Pages

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

Ses « Portraits du colonisé et du colonisateur » sont étudiés dans les facultés d’Afrique du Nord et du tiers-monde. Homme de gauche, partisan de l’indépendance de son pays natal, il sera néanmoins contraint à l’exil, constatant, à son grand désespoir, que les Juifs, bien que d’implantation plus ancienne que les Arabes dans le pays,  n’avaient pas leur place dans une Tunisie indépendante.

Marié à Germaine Dubach, une Alsacienne catholique pratiquante, Albert Memmi, après avoir poursuivi des études supérieures à Alger et à Paris, était revenu au pays natal en 1949. La Tunisie est alors en pleine ébullition et les velléités d’indépendance se précisent.

Dans son appartement parisien, Memmi a, au fil des ans, accumulé, rangés dans des tiroirs, des cahiers d’écolier, des petits carnets à spirales voire de simples feuilles volantes, des notes qui sont autant de parcelles d’un journal intime qu’il désigne comme son « garde-manger ».

C’est ce véritable trésor que Guy Dugas, grand spécialiste de la « littérature judéo-maghrébine » a dépouillé et classé. Les notules proposées couvrent les années 1955-1956, années cruciales de l’autonomie interne et de l’indépendance. On y découvre tout à la fois, des considérations politiques, des indications sur des conversations avec des personnalités ou encore et des informations à caractère personnel.

Quelques exemples :

« J’ai donc choisi de tout dire ou de me taire »

« Je suis content, en somme, de vivre cette aventure tunisienne »

« En bref, sur le fait Français en AFN, je souhaitais la fin de leurs privilèges, mais pas la fin de leur présence en tant qu’hommes »

« Cette surenchère que je fais vis-à-vis des Tunisiens musulmans, m’empêche actuellement de m’affirmer ce que je suis véritablement. Par exemple ambigu vis-à-vis des Français  (et non seulement hostile). Et par exemple l’État d’Israël »

«  Jeudi 15 mars : Il paraît que des inscriptions antisémites sont faites sur des billets de banque tunisiens (d’après le journal du Haut Commissariat français) »

«  L’Indépendance totale de la Tunisie est aujourd’hui proclamée. Cela me laisse froid, sinon inquiet. Comme tout le monde ici, sauf les musulmans. Bien que, bien entendu, je trouve cela historiquement juste et heureux »

« Si je creuse, tout s’effrite. Pourquoi je dois être solidaire des Juifs ? Parce que je suis né de parents juifs. Et après ? »

« Ainsi la Tunisie entre définitivement dans le concert des nations arabes : il n’y a plus de place pour nous. Car il nous est impossible désormais d’accepter faire partie d’une nation ennemie d’Israël »

« Bourguiba a institué maintenant une dictature complète : il a tous les rôles et tous les droits »

« Les Juifs foutent le camp et vendent ce qu’ils peuvent. Et cela ne fait pas plaisir aux Arabes. »

«  4 000 Juifs partent la semaine prochaine pour Israël. Le ghetto se vide lentement et chaque boutique abandonnée par un Juif  lentement se remplit d’Arabes »

 

Et, pour ce qui est des détails à caractère personnel et familial :

« Lundi 24 octobre : Au hammam : la lumière glissait mal, restait collée aux pierres humides, comme des traces de graisse »

« Le 19 déc.55 : Ce matin, Germaine est littéralement assaillie au marché par les petits porteurs. L’un d’eux, avec qui elle avait fait un prix, lui a barré la portière de la voiture et elle a été obligée de le repousser avec quelque force »

 

Au fil des pages, on est étonné de constater que le nombre de Juifs communistes rencontrés et cités par Memmi est impressionnant : Paul Sebag, Georges Attal, Roberte Bigiaoui, Georges Valensi, André Baranès, Maurice Nisard…

Albert Memmi le constate d’ailleurs : « Beaucoup sont communistes. C’est là une solution juive assez répandue. »

Dans les derniers jours d’août 1956, les Memmi, après avoir vendu leur villa de Beausite, ont gagné Strasbourg puis Paris. Après un retour provisoire de quelques années au pays natal, Albert Memmi et les siens ont choisi de vivre définitivement en France.

Un petit livre très intéressant.

 

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions du CNRS. Édité et annoté par Guy Dugas. Suivi de « Tunisie, un pays d’opérette » et de « Autres écrits des années tunisiennes ». 232 pages. Janvier 2017.