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Publié le 14 Septembre 2012

Le film à l’origine des violences à Benghazi continue d’embraser le monde arabe

Les autorités libyennes ont procédé à quatre arrestations dans l'enquête sur l'attaque du consulat américain à Benghazi, a annoncé jeudi 13 septembre 20102 le vice-ministre libyen de l'Intérieur, selon le Jerusalem Post.

"Quatre hommes sont en détention et nous les interrogeons parce qu'ils sont soupçonnés de complicité dans les événements du consulat américain", a dit Ouanis Charif. "Nous réunissons des éléments de preuve", a-t-il poursuivi sans plus de précisions. "Nous ignorons s'ils appartiennent ou non à une organisation précise. Il y a beaucoup de soupçons mais (...) il faut poursuivre l'enquête, découvrir qui sont ces gens et s'ils appartiennent à une organisation, puis nous devrons nous occuper de cette organisation", a quant à lui déclaré le Premier ministre Abou Chagour, confirmant les quatre arrestations.

 

La vidéo jugée blasphématoire, à l'origine des violences qui ont provoqué, mardi 11 septembre 2012, la mort de quatre Américains en Libye, dont l'ambassadeur américain, Christopher Stevens, continue d'embraser le monde musulman, rapporte le Parisien. Des heurts très violents ont été enregistrés jeudi 13 septembre devant les ambassades des Etats-Unis au Caire (Egypte) puis à Sanaa (Yémen). D'autres manifestations ont été signalées à Gaza, en Irak, en Iran et en Tunisie.

 

La présidence tunisienne, par la voie de son porte-parole Adnène Mancer, a "fermement condamné" ce qu'elle a qualifié d'"agression terroriste" à Benghazi. "Ces agressions sont le résultat de la rancœur haineuse et de la culture de la violence que prônent ceux qui font fi de la stabilité des pays de la région", a-t-elle ajouté, faisant allusion aux groupes islamistes radicaux (Africa Time).

 

La rue s'est particulièrement embrasée à Sanaa, la capitale du Yémen, où quatre personnes ont été tuées et 34 autres blessées dans les heurts qui ont commencé dans la matinée et se sont poursuivis jusque dans la soirée, selon le Figaro. À deux reprises, les manifestants ont forcé l'entrée de la chancellerie américaine, en brisant les vitres de l'enceinte de sécurité aux cris de «O Prophète, O Mahomet», et en mettant le feu à des voitures diplomatiques avant d'être dispersés par les forces de l'ordre.

 

À Téhéran, où le film incriminé a été qualifié d'«ignoble» par les autorités de la République islamique, quelque cinq cents personnes se sont rassemblées près de l'ambassade de Suisse aux cris de "Mort à l'Amérique" et "Mort à Israël", qui représente les intérêts américains dans le pays. La veille, plusieurs manifestants furieux s'en étaient également pris aux représentations américaines à Casablanca, Tunis et Khartoum.

 

Au Caire, où les manifestations aux abords de l'ambassade américaine se poursuivent quotidiennement depuis mardi, des heurts ont à nouveau opposé la police et les contestataires, provoquant de violents échanges de tirs de pierres et de gaz lacrymogène. Le ministère égyptien de la Santé dénombre au moins 70 blessés dans ces violences.

 

L'Union européenne a condamné l'assaut contre l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa, et appelé les autorités à "protéger" les diplomates et les représentations diplomatiques européennes, rapporte l’Express. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a condamné "en les termes les plus forts la violation du périmètre de l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa et exprimé sa pleine solidarité avec les autorités américaines". Catherine Ashton dit "suivre avec une grande inquiétude les événements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient".

 

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a présenté ses "excuses au président américain Barack Obama", promettant de châtier les coupables.

 

Le président égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi, a condamné les "atteintes" au prophète Mahomet tout en rejetant la violence, alors que le mouvement des Frères musulmans dont il est issu a appelé à des manifestations pacifiques ce vendredi 14 septembre. "J'appelle tout le monde à (...) à ne pas agresser les ambassades", a lancé M. Morsi.

 

Quelque 500 manifestants se sont aussi rassemblés près de l'ambassade américaine à Koweït, arborant le drapeau noir d'Al-Qaïda.

 

Le royaume ultraconservateur d'Arabie saoudite a condamné le film produit "par un groupe irresponsable", mais aussi "les réactions violentes dans plusieurs pays visant des intérêts américains".

 

En Irak, des milliers de sympathisants du leader chiite Moqtada Sadr ont défilé notamment à Bagdad, dans la ville sainte de Najaf, et à Kirkouk. Dans un communiqué, le très influent Moqtada Sadr a demandé au gouvernement d'interdire l'accès au territoire irakien à tout citoyen américain.

 

Quelque 200 personnes ont également défilé dans les villes libanaises de Tripoli (nord) et Sidon (sud), certains brûlant le drapeau américain.

 

Dans l'enclave de Gaza, des centaines de Palestiniens ont manifesté pour la deuxième journée consécutive contre les Etats-Unis et appelé à de nouvelles protestations ce vendredi 14 septembre. Le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a appelé "l'administration américaine à présenter des excuses" aux musulmans pour la diffusion du film. Par ailleurs, le ministre palestinien des Waqfs -biens religieux musulmans-, Ismaïl Radwane, a appelé les centaines de manifestants réunis devant le siège du Conseil législatif à Gaza, à "boycotter les produits américains" et à manifester après la prière du vendredi. Parallèlement à Tel-Aviv, plusieurs dizaines d’Arabes Israéliens ont défilé devant l'ambassade américaine à l'appel du Mouvement islamique en Israël, scandant des slogans hostiles au film et à ses producteurs.

 

De crainte d'émeutes à Kaboul, le président afghan Hamid Karzaï a reporté une visite en Norvège, alors que les autorités pakistanaises ont dit s'attendre à des manifestations vendredi.

 

L'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, a demandé à YouTube de bloquer la diffusion du film polémique. Le gouvernement afghan a bloqué quant à lui la totalité du site de partage de vidéos, tandis que le Pakistan empêchait l'accès au seul film.

 

L'Inde a mis en alerte ses effectifs déployés autour des bâtiments américains.

 

Le président américain Barack Obama a dit, jeudi soir, au président yéménite, Abd Rab Mansour Hadi, son «inquiétude» pour la sécurité de ses diplomates au Yémen et de l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa. Lors d'un entretien téléphonique entre les deux hommes, à l'initiative de M. Obama, le dirigeant américain a également remercié le président yéménite pour avoir «rapidement condamné» l’attaque.

 

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé pour sa part, jeudi 13 septembre, que l'attaque du consulat pouvait être le fait de "mouvements terroristes" mais qu'il fallait attendre la suite des investigations pour en être sûr. "Je suis en contact avec mon amie Mme Clinton (la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton) pour voir les choses très précisément", a-t-il ajouté, selon l’Orient le Jour.

 

Un ancien soldat d'élite de la marine américaine figure parmi les morts dans l'attaque de mardi soir, a indiqué un responsable américain. L'ancien commando, qui travaillait pour le département d'Etat, a été identifié par un média américain comme étant Glen Doherty, 42 ans, qui travaillait pour une mission sur des lance-missiles portables en Libye.

 

Nakoula Basseley Nakoula, le réalisateur du film controversé (Sam Bacile est un pseudonyme), est sous protection policière. Il aurait téléphoné à la police après avoir été identifié par les médias mercredi 12 septembre. La maison de ce copte égyptien, située à Cerritos, à 40 km au sud de Los Angeles, est sous surveillance policière et encerclée par les journalistes. Selon des documents judiciaires, l'homme avait été condamné à 21 mois de prison en 2010 pour escroquerie.

 

Israël a renforcé la sécurité autour de Jérusalem. Les forces de l'ordre israéliennes ont renforcer leur dispositif de sécurité dans la Vieille ville et à Jérusalem-Est lors de la prière du vendredi, en raison des «tensions régionales», a annoncé jeudi 13 septembre un porte-parole de la police.

 

Les Etats-Unis déconseillent l'Algérie à leurs ressortissants. Washington met en avant le «risque accru» d'attentats anti-américains après des poussées de violences en Egypte, en Libye et au Yémen. «Il y a un grand risque d'attentat et d'enlèvement en Algérie», a indiqué le département d'Etat dans un communiqué, précisant que «même si les grandes villes sont bien protégées par la police, des attaques restent possibles». L'Algérie a présenté ses condoléances aux Américains mais a aussi sévèrement critiqué le film polémique.

 

Le site de visionnage de vidéos Youtube a indiqué mercredi 12 septembre avoir restreint l'accès en Libye et en Egypte au film polémique et hostile à l'islam qui a provoqué des violences antiaméricaines, tout en le laissant disponible ailleurs. "Etant donné la situation très difficile en Libye et en Egypte, nous avons temporairement restreint l'accès (au film) dans ces deux pays. Nous pensons aux familles des personnes tuées dans les attaques hier en Libye", dit un communiqué de YouTube, qui est détenu par Google. "Nous travaillons à créer une communauté que tout le monde apprécie et qui permet à chacun d'exprimer une opinion différente", ajoute le communiqué (aufaitmaroc.com).