Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean Pierre Allali - Le trésor familier des rythmes, de Daniel Cohen

07 Novembre 2018 | 127 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

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Le trésor familier des rythmes*, de Daniel Cohen

C’est l’histoire d’une vie, celle de l’auteur, petit Juif saharien, amené comme des dizaines de milliers de coreligionnaires à quitter l’Algérie natale et à s’installer en France où il deviendra, au grand dam de ses parents qui auraient voulu qu’il soit rabbin, éditeur et écrivain.

Daniel Cohen écrit ses mémoires dans une langue superbe, précieuse même, n’hésitant pas, au besoin, à user de néologismes. Amoureux infini des livres et du Larousse, il nous fait partager sa passion des belles bibliothèques. Amateur d’art, il nous fait découvrir des peintres qu’il a aimés et collectionné.

Il était une fois, une famille juive à Colomb-Béchar, aux confins du désert, du grand Erg, une ville bordée par les monts Antar, Grouz et Béchar et dont la place centrale portait le nom des « Chameaux ».

L’auteur évoque la vie juive, la synagogue de Kénadsa, rue du lieutenant Ferrand, la préparation à la bar-mitzva , les fêtes juives, Pessah avec une immense table où se retrouvaient une quarantaine de convives, le couscous qui précède la cure d’azymes, Souccot et ses tentes, les fiançailles et les épousailles , la vie de famille au quotidien                       ou encore les visites au cimetière de « Moula Béchar » où sa mère, qui, par ailleurs, considérait les rouleaux de la Torah comme des poupées,  allumait des bougies dans la crypte d’un saint vénéré.

Il raconte aussi les copains d’enfance : Salé, Flora, Mustapha…

Un sujet sensible est traité par le biais d’anecdotes, celui de l’antisémitisme en terre d’islam. Ainsi, quand le petit Daniel s’approche imprudemment d’une mosquée et se fait durement rabrouer ou encore quand une voisine arabe le sermonne méchamment : « Ne viens pas de ce côté, fils de porc, tu salis notre trottoir. Nous vous égorgerons tous, Juifs immondes ! M’as-tu entendu, jamais sur ce trottoir ». « Elle me cracha sur le visage, me poussa, et, avant que je reprenne souffle, elle claqua sa porte le plus sèchement qu’elle aurait pu ». Et Cohen de conclure ; « En Afrique du Nord, nos communautés avaient dû se soumettre aux Romains, aux Almohades, aux Berbères, aux Alaouites, aux Ottomans. Le crachat a été une leçon de vie ».

Pour lui, « Ce livre ramasse la question juive comme on me l’a plaqué et comme je l’ai reçue ».

Et puis, un jour, la grande cassure. Avec l’indépendance de l’Algérie, c’est le grand départ, l’exil forcé. Après avoir un temps songé à rejoindre la Grande-Bretagne, la famille se retrouve à Marseille, au camp de transit du Grand Arénas avant la montée à Paris.

Daniel Cohen remonte le fil de sa vie : réussites et échecs, amours et déceptions, maladie et rémission…

Autres thèmes traités au fil des pages de ce livre très dense : l’apparition des livres numériques qui met en péril le livre-papier, la littérature et la civilisation japonaises, l’Afrique Noire et les Antilles et, bien entendu, Israël.

Attachant et émouvant.

Jean-Pierre Allali

(*) Editions Orizons. Mai 2018. 772 pages. 25 euros.

 

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