Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean Pierre Allali - Une saga séfarade, par Alexandre Mostrel

03 Avril 2019 | 121 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

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Une saga séfarade, par Alexandre Mostrel*

C’est l’histoire d’une vie. Pour ses enfants, pour ses petits-enfants, pour témoigner, Alexandre Mostrel a décidé de coucher par écrit son long et beau parcours. « Aujourd’hui, j’arrive au soir ma vie, au bout du chemin. J’ai fait mon temps et atteint un âge canonique. Je suis vieux et usé ; la vie se retire de moi, petit à petit, irrémédiablement. J’ai heureusement gardé toute ma lucidité »

Les racines de la famille du narrateur plongent dans la Turquie, du temps de l’Empire Ottoman. Son père, Moïse, fils de Béhor Chabtaï Mistriel et de Déborah Benaderet était né en 1905 à Bergama. Sa mère, Mathilda Mazalto, fille de Moïse Ouziel et de Hannah Abrami était née, elle, en 1900, à Izmir.

C’est lorsque le président turc, Mustafa Kémal Atatürk décide d’incorporer les jeunes gens juifs à l’armée pour trois ans que les Mistriel émigrent en France, à Marseille. C’est là que naît Alexandre, le 18 juillet 1925. La famille ne restera pas longtemps en France et choisira de vivre…en Tunisie ! En 1929, les Mistriel qui, plus tard, seront Mostrel, retrouvent une tante , Sarina,dans le quartier arabe de Bab-Souika. Moïse se fait alors photographe ambulant. Alexandre, dès l’âge de 4 ans, sera inscrit au keteb, l’école juive religieuse. Il sera longtemps le barani, l’étranger, parmi ses condisciples judéo-arabes. Plus tard, ce sera l’AIU, rue Malta Srira.

Des pages étonnantes nous décrivent l’ambiance « tune » par le menu. Des glibettes à la nefa et des noyaux d’abricot à la hofra en passant par tous les cinémas de Tunis : Palmarium, Colisée et tutti quanti. Sans oublier la cuisine locale, du couscous bkaïla au msoki de Pessah.

Adolescent, Alexandre dévore les livres, mais aussi les BD : Mandrake, Tarzan et le Fantôme du Bengale.

Les fêtes juives y compris les coutumes locales sont narrées par le menu. « Ce qu’il y avait de remarquable à Tunis, c’est que les samedis et les jours des principales fêtes juives, presque tous les magasins étaient fermés, aussi bien dans le quartier juif que dans le reste de la ville ».

En 1939, des bruits de botte se font entendre. Le père est mobilisé. Le voilà zouave. Plus tard, pendant six mois, en 1942-1943, la Tunisie se retrouvera sous la botte allemande. Alexandre a 17 ans et il est pris dans une rafle mais parvient à s’échapper. Un an plus tard, il est mobilisé et se retrouve dans la montagne, à Aïn Draham, chantant « C’est nous les Africains ». Il est au Tyrol quand parvient, enfin, la nouvelle de l’armistice. Au sortir de la Guerre, Alexandre est engagé à la Direction des Travaux Publics. Il fréquentera une cellule communiste et entonnera régulièrement L’Internationale. Puis, il change d’orientation et opte pour le mouvement sioniste bien implanté à Tunis. Il adhère à la Gordonia. Dès lors, l’alyah en Israël est en ligne de mire. Alexandre fera un premier séjour en Israël où ses parents se sont déjà installés, en 1952. De retour à Tunis notre héros convole en justes noces. Le 28 septembre 1954, il épouse Dina Henriette  Messica, une Juive livournaise native de Sfax. En 1960, les Mostrel décident de regagner la France. Des enfants vont naître : Marco, Daniel, puis Odile Sarah.

« J’ai eu la baraka, la bonne destinée » estime Alexandre Mostrel.

Très sympathique. À découvrir.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Z4. Novembre 2018. 312 pages. 18 €.