Yonathan Arfi

Le nouveau Président du Crif, un militant juif et citoyen

Blog du Crif - Eric Zemmour : la double peine des Juifs français

20 Septembre 2021 | 1688 vue(s)
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Actualité

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Eric Zemmour ne s'encombre pas de la nuance : tout ce qui dépasse, détonne, dissonne, doit être supprimé.  C'est la quête d'une France rabougrie et monochrome. Et malheureusement, les Juifs, ça ne rentre pas bien dans les cases... Certains disent même que nous avons été inventés pour ça.

Les Juifs sont d'ailleurs doublement victimes du discours d'Eric Zemmour : une fois victimes de ce qu'il dit, une autre du lieu d'où il s'exprime. Une fois, politiquement, une autre, symboliquement.

Sur le plan politique, ce qu'il propose a le goût et l'odeur des vieux classiques de l'extrême-droite. Eric Zemmour attaque à tous les temps. Au passé, d'abord : "Pétain a sauvé les Juifs français" (Octobre 2019), fantaisiste révision de l'Histoire.

Au présent ensuite : "la Kippa est une sorte de selfie religieux" (Janvier 2016) ou hier matin en voulant "obliger à donner des prénoms français". Les Eytan, Déborah, Ilan, Rivka, Amir, Shirel, Gad... et les Français qui portent la kippa apprécieront.

Au futur, enfin, puisque Eric Zemmour s'arroge même le droit de déterminer la légitimité de nos lieux de sépulture. Même morts, nous sommes coupables. Pour Eric Zemmour, se faire enterrer en Israël, c'est de l'évasion funéraire !    

Sur le fond, rien de bien nouveau. Eric Zemmour, ce sont les provocations de Jean-Marie Le Pen avec le look de Bruno Mégret.

Mais le prix le plus élevé que les Juifs paient n'est pas seulement la remise sur le devant de la scène de ces vieilleries politiques. Non. Le plus insupportable vient du fait que ces provocations soient l'expression d'une personnalité largement identifiée comme juive.

Je ne cherche pas à analyser le rapport d'Eric Zemmour à son identité juive. Ce rapport intime lui appartient et je réclame pour chacun, et donc pour lui aussi, le droit d'échapper à toute assignation identitaire. Ce qui est certain, en revanche, c'est que ses propos ne trouveraient pas un tel écho s'ils n'étaient pas formulés par une personnalité perçue comme juive.

Les linguistes et communicants le savent, l'identité du locuteur compte dans la réception du message. Et en l'espèce, qu'une personnalité portant un nom juif, fasse la promotion des discours d'exclusion visant notamment les juifs et les musulmans, donne une légitimité inédite au propos. Qu'il le veuille ou non, Eric Zemmour contribue à apporter à l'extrême-droite ce que Marine Le Pen cherche depuis longtemps : un certificat "casher" dont elle espère qu'il lui apporte une légitimité nouvelle.

Cette dimension là peut paraître secondaire par rapport aux propos de Zemmour, mais pour moi, elle est la plus inacceptable. Celle qui me fait le plus mal.

En tant que Juifs, nous ne sommes bien entendu pas responsables des propos d'Eric Zemmour. Mais nous avons la responsabilité de nous mettre en travers de leur chemin.

Yonathan Arfi

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