Commissions du Crif - Qu'est-ce que la Commission Femmes dans la cité ?

Des commissions thématiques participent à la vie et aux réflexions de l’institution. Parmi elles, la Commission Femmes dans la cité, présidée par Nathalie Cohen-Beizermann. En ce 8 mars, Journée internationale des Droits des Femmes, nous vous présentons cette commission, ses projets et ses objectifs.

Le Crif : Nathalie Cohen-Beizermann, vous présidez la Commission Femmes dans la cité du Crif. Pouvez-vous nous présenter cette commission et ses objectifs ?

Nathalie Cohen-Beizermann : Cette commission est composée de femmes et d’hommes de tous âges, (même si les membres sont majoritairement des femmes), militants dans diverses associations communautaires et/ou membres de l’Assemblée Générale du Crif. Notre objectif : penser et faire évoluer les mentalités pour que plus de femmes soient présentes dans les instances dirigeantes communautaires. Cela inclut parfois les mentalités des femmes elles-mêmes.

Le Crif : Quel projet et/ou quelle rencontre, réalisé dans le cadre de cette commission, vous a le plus marqué cette année ?

Nous avons entendu avec beaucoup d’intérêt Annie Sugier, co-fondatrice avec Simone de Beauvoir de la Ligue Internationale des Femmes, dont elle est la Présidente. En ce moment, son grand défi se situe dans le domain du sport et en particulier des Jeux Olympiques (à travers une association spécialisée : le Comité Atlanta, créé en 1995) afin de dénoncer l'apartheid sexuel et les discriminations à l’encontre des sportives.

Le Crif : Vous êtes une femme très engagée. Vous avez notamment présidée la WIZO (Women's International Zionist Organization) en France, une organisation de femmes qui défend les droits des femmes et aide les femmes à tous les niveaux de la société. D’où vous vient ce militantisme ? En quoi le leadership féminin est-il important ?

Je ne crois pas qu’on naisse militant. Le militantisme, c’est la rencontre d’une espérance et d’une cause, quelque chose qui est en vous depuis votre plus jeune âge et qui, un jour, s’incarne sous la forme d’un engagement. Contrairement à ceux qui prétextent de ne pouvoir militer car ils travaillent, j’ai toujours considéré qu’il fallait impérativement concilier les deux. J’ai présidé WIZO France pendant près de 7 ans, sans pour autant arrêter de travailler. Ça vous permet de garder les pieds sur terre, qualité primordiale pour une présidente d’association chargée de récolter des fonds pour la première association de femmes, pour l'éducation et le statut des femmes, de l'État d'Israël .

Sur la question du leadership féminin, le combat féministe actuel me fait sourire à bien des égards. Il est contreproductif. Je ne pense pas qu’on obtienne les choses par la force ou l’exagération. Toutes les femmes qui veulent combattre pour un idéal devraient s’inspirer de Simone Veil ou de Ruth Bader-Ginsburg. Des esprits forts mais sereins, qui avec élégance, respect et conviction, ont su faire avancer la société et son regard sur la place de la femme. Ce que je sais, c’est que rien n’est acquis, il faut être en vigilance permanente, mais sans aboyer et ainsi mieux convaincre.

Le Crif : En novembre 2019, à l'occasion de l'annonce des mesures du Gouvernement pour lutter contre les violences conjugales, la Commission "Femmes dans la Cité" du Crif a décidé d’éditer un guide d’information et d’orientation vers les dispositifs existant au sein de la communauté juive pour lutter contre les violences conjugales. Un an et demi plus tard, qu’en est-il ?

Nous avons sorti ce fascicule lors du Grenelle sur les violences faites aux femmes. Depuis, la parole s’est libérée, le nombre d’appels passés au 3919 (ligne d’urgence contre les violences conjugales) a augmenté. Mais hélas, depuis un an, en pleine crise sanitaire, on assiste à une recrudescence des actes de violences familiales, envers non seulement les femmes mais aussi les enfants qui sont souvent les victimes collatérales d’un foyer violent.

Le guide que nous avons sorti est destiné plus particulièrement à la communauté juive parce qu'il oriente vers les dispositifs existant au sein de la communauté juive. Comme celui que j’avais sorti à l’époque pour le divorce religieux, il ne sera utile que s’il est largement diffusé. Il est déjà consultable en ligne en version numérique.

Le Crif : Nous sommes aujourd’hui le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. En février 2021, l’Assemblée Nationale a voté l’interdiction des certificats de virginité, l’interdiction de la polygamie ou encore l’égalité homme-femme face à l’héritage, dans le cadre du projet de loi « Principes Républicains ». Que signifient ces avancées pour les droits des femmes ?

Le thème de l’International Women Day 2021 sera le leadership féminin dans le contexte de la pandémie mondiale de Covid 19.

Le Danemark, l’Éthiopie, la Finlande, l’Allemagne, l’Islande, la Nouvelle-Zélande ou la Slovaquie ont été largement reconnues pour la rapidité, la détermination et l’efficacité de leur réponse nationale à la Covid-19, ainsi que pour la compassion dont elles ont fait preuve dans leur communication d’informations factuelles sur la santé publique. Et tous ces pays sont dirigés par des femmes !

Plus près de nous, les avancées que vous citez sont un vrai progrès et nous espérons qu’il y en aura peut être d’autres notamment grâce à la loi sur le séparatisme que nous attendons à bien des égards puisque malheureusement et bien souvent, la prépondérance de la pratique religieuse n’est pas synonyme de progrès et d’émancipation pour les femmes. Encore une fois, n’oublions pas d’être vigilants ! C’est l’affaire de tous.

Propos recueillis par Johana Mechaly

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