Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean-Pierre Allali - Habiter son nom. Une histoire française, par Céline Masson

28 Septembre 2022 | 103 vue(s)
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Actualité

"Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants, c'est l'indifférence des bons" (Martin Luther King)

Tribune de marc Knobel publié dans le Huffinghton Post 

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Habiter son nom. Une histoire française, par Céline Masson, avec Alexandre Beider (*)

 

C’est un fait : il n’est jamais aisé en France de changer de patronyme. On considère généralement qu’un nom de famille, c’est pour la vie. Cela dit, on peut comprendre que certaines personnes, affublées malencontreusement de noms pour le moins désagréables, soient tentés de tout faire pour en changer. Une personne qui se nomme Legros, Lenain ou, plus délicat, Moncul voire Con, peut avoir envie de modifier son patronyme. Longtemps la loi ne l’a pas permis.

Les Juifs de France, pourtant présents dans le pays depuis des siècles, n’ont pas, pendant longtemps, pratiqué le système des noms et prénoms tel que nous le connaissons. Conformément à un usage ancien, la formule en vigueur était plutôt du type : David, fils de Samuel ou Joseph fils de Benjamin. Ce qui, parfois était simplifié en David Samuel et Joseph Benjamin. C’est Napoléon qui, le 20 juillet 1808, par le biais d’un décret, a obligé les Juifs de France à avoir un patronyme en bonne et due forme. L’article 1er  de ce décret stipulait : « Ceux des sujets de notre Empire qui suivent le culte hébraïque et qui, jusqu’à présent, n’ont pas eu de nom de famille et de prénom fixe, seront tenus d’en adopter dans les trois mois de la publication de notre présent décret, et d’en faire la déclaration par-devant l’officier de l’état civil de la commune où ils sont domiciliés ».

En 1808, on compte 77 000 Juifs au sein de l’Empire. L’historien Philippe Sagnac les classe en quatre catégories : 1. le groupe portugais et avignonnais, 2. le groupe italien, 3. le groupe allemand, 4. le groupe parisien.

Si certains Juifs n’ont pas de difficultés, par le biais d’une légère modification, à se mettre en conformité avec la loi- c’est le cas, par exemple de Jacob Cerf qui devient Julien Lecerf-, la chose est plus difficile avec des patronymes à consonance étrangère, notamment germanique. Dans ce cas, c’est à une véritable traduction qui s’opère  ou, à défaut, une transformation : Schwarz va donner Lenoir et Finkelstein, Finquet. Un cas d’école est celui de l’écrivain Viennois Hans Mayer qui devint Jean Amery, simple anagramme de l’original.

Je précise que le phénomène n’est pas exclusif du judaïsme ashkénaze. On le retrouve également dans le monde séfarade où, par exemple, Taïeb a donné Taillet et Raccah, Raccat.

C’est le phénomène inverse qui va l’objet de l’ouvrage de Céline Masson et Alexandre Beider. Celui de personnes désirant reprendre leur nom d’origine. Une procédure désormais possible depuis quelques années. Cela n’est  parfois pas accepté par des membres de la famille et on assiste au phénomène étonnant de gens portant des patronymes différents dans la même sphère familiale.

Onze cas sont examinés dans ce livre. Cinq de Pologne : FUKS, KRAVITZCH, POJZMAN, SZAJEWICZ et WITTENBERG, deux de Roumanie : KOHN et LEBOVICI, deux d’Alsace-Lorraine : LEVY et WEILL , un d’Autriche : LANDESMANN et un de BIELORUSSIE : RUBINSTEIN.

Fuks était devenu Forest, Kravitzch, Ravot, Pojzman, Pontay, Szajewicz, Sajet, Wittenberg, Durand, Kohn, Ronnet, Lebovici, Lebeau, Lévy, Laurent, Weill, Didier, Landesman, Bouché et Rubinstein, Rimbaud.

Tout est désormais « rentré dans l’ordre ». Des témoignages très émouvant. Un livre édifiant.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Hermann. 2020. 160 pages. 24 €. Préface de Nathalie Heinich. Postface de  Jean-Marie Dreyfus