Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Discours du Président du Crif à l'occasion du colloque « L’école de la République à l’épreuve de la montée de l’antisémitisme »

11 March 2025 | 123 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Francis Kalifat a bien connu Robert Castel, durant les dernières années de sa vie. Ce fut une très belle rencontre, il garde en mémoire de beaux souvenirs. Francis Kalifat était présent à son enterrement. 

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Actualité

À l’heure de la réconciliation Jérusalem-Ankara, retour sur l’histoire des Juifs de Turquie.

Patricia Sitruk est membre du Comité directeur du Crif

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Antisémitisme

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Jean Pierre Allali's picture
LECTURES
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24 May 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Deux historiens français l’ont fait et publient ce mois d’avril en collection Que Sais-je Les 100 mots de la Shoah.

"La Place de la République ne vous appartient pas".

Dimanche dernier, des militants du Collectif Anti Boycott se sont rendu face à une manifestation BDS.

Quel est donc ce mouvement qui s'est vu offrir une tribune hier au journal télévisé de France 2 ?

Lundi 11 janvier, à Marseille, un jeune turc de 15 ans attaquait à la machette un enseignant juif portant une kippa. Une affaire qui devait provoquer une grande émotion, et qui a inspiré à Jérôme Fenoglio, le directeur du journal « Le Monde », un éditorial remarquable. En voici un extrait : « Ce mal, il faut le considérer pour ce qu’il est : le produit des noces mortelles entre djihadisme et antisémitisme. Le terrorisme fondamentaliste (…) reprend tous les stéréotypes du vieil antisémitisme européen, accommodé à la sauce de l’heure, mélange de théories du complot importées du Moyen-Orient et transportées par Internet ».

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Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

Madame la Première Ministre,

Monsieur l'ancien ministre de l'éducation nationale,

Madame la directrice générale adjointe de l'UNESCO,

Mesdames et messieurs les parlementaires, et en particulier cher Laurent Lafon, qui nous accueille aujourd'hui,

Monsieur le recteur d'académie de Paris,

Chers amis,

 

"L’école est l’institution par laquelle une République se fonde mais aussi se réinvente elle-même." Voilà les mots avec lesquels Ferdinand Buisson définissait la mission de l'école dans l'édification et l'incarnation de la République.

Aucune Nation n'a sans doute accordé à l'école une place aussi centrale dans sa construction nationale que la France.

Aucune Nation n'a à ce point défini l'acquisition de l'esprit critique, l'émancipation de tous les conditionnements et tous les déterminismes, comme sa valeur cardinale.

Voilà pourquoi sans doute l'antisémitisme à l'école, comme d'autres haines bien entendu, mais avec malheureusement une vigueur et une intensité particulières en ce moment, n'est pas qu'une menace pour les élèves juifs mais bien une atteinte au projet même dont l'école de la République est porteuse.

Parce que ce sujet est sensible, parce que nous voulions dépasser les on-dit et désamorcer les procès en exagération, il nous est apparu nécessaire d'objectiver le phénomène. C'est le sens de l'étude menée avec la Fondation Jean-Jaurès, que je veux remercier de son engagement sur ce sujet. C'est le sens aussi de l'étude que nous avons menée avec l'IFOP, et qui vous sera présentée tout à l'heure. C'est le sens enfin des témoignages que nous avons directement collectés auprès d'élèves.

 

Écoutons les.

Noah, 11 ans : « Je n'ai pas voulu le dire tout à l'heure, mais il y a des personnes dans une autre classe de 6ème qui font des signes d'Hitler »

Lisa, 14 ans. « Tu as des lunettes et tu es juive […] Sale juive »,

Ces paroles, ce sont celles que des enfants juifs ont pris l’habitude d’entendre à l’école depuis le 7 octobre 2023.

Sous forme de moqueries, d’injures, d’attaques, d’humiliations, ou de mises à l’écart, parfois dans la classe ou sur des boucles de messagerie, les propos, les actes, les gestes antisémites ont parfois envahi leur quotidien.

 

Je veux d'abord dire ici que notre démarche n'a rien de comminatoire vis-à-vis de l'école et des enseignants. C'est au contraire à la fois un appel à l'aide et une déclaration d'amour à l'école de la République, qui à nos yeux ne sera jamais le problème, mais bien la solution.

Les faits malheureusement sont là. Il faut les regarder en face. L’école, que nous considérions comme un sanctuaire, n’a pas résister à la déferlante de haine qui s’est abattue sur la société française depuis l’attaque du Hamas en Israël.

Les jeunes, que l’on pensait immunisés d’un possible retour d’antisémitisme grâce à l’enseignement de la Shoah, et qui incarnent plus qu’aucune autre, une génération sensible à la lutte contre les discriminations, sont devenus la catégorie de population la plus exposée.

Les chiffres, aussi bien ceux du Ministère de l'Education nationale que ceux que nous révélons aujourd'hui avec l'IFOP, ne peuvent que susciter une très grande préoccupation, tant l’enjeu est immense en matière d’éducation.

En effet, si l’esprit critique, la tolérance et les valeurs morales et civiques nécessitent un temps long pour être inculqués, nous savons que la haine, quant à elle, n’a pas besoin de beaucoup de temps pour s’implanter et se répandre.

C’est justement en vertu de cet idéal d’émancipation de l’individu, principe si cher à la France et aux Français juifs, que nous devons protester face à ce dont nous sommes témoins aujourd’hui. En attaquant les jeunes Français juifs, c’est l’ensemble de notre modèle républicain qui se trouve fragilisé.

 

Lors de notre colloque nous évoquerons aussi des reponses apportées à l’antisémitisme.

Il y a d'abord, bien entendu la mobilisation de l'institution scolaire, et il faut le saluer, même si bien-sûr, davantage doit encore être fait.

Je veux saluer aussi les initiatives associatives, que ce soit celles de CoExist, portées notamment par l'UEJF et SOS Racisme, la Licra, le Mémorial de la Shoah et d'autres projets, dont une "fresque de l’antisémitisme", que nous aurons le plaisir de vous présenter.

Je tiens à remercier la présence de la Ministre, témoigne de la mobilisation de la puissance publique, dans la continuité des Assises qui ont été relancées il y a quelques jours par Aurore Bergé.

Chère Elisabeth Borne, je sais que nous avons en partage une passion pour l'universalisme républicain et sa promesse d'émancipation. Je sais que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour que l'école joue son rôle de construction citoyenne.

Je remercie également le « parrain » de cet événement Laurent Lafon, Président de la commission des affaires culturelles, de l'éducation, de la communication et du Sport du Sénat, ainsi bien entendu que Gérard Larcher.

 

Chers amis,

Une école qui ne parvient pas à accueilllir sereinement tous les enfants de la République est une école qui faillit fondamentalement à sa mission.

Avec vous, avec tous ceux qui interviendront ce soir dans ce colloque, je veux croire que nous parviendrons à ce que l'école redevienne le sanctuaire qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être.

Je vous remercie.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif