Tribune

Faut-il être désespérément pessimiste pour se sentir pro israélien ? Même s’ils ne constituent pas, loin s’en faut, la majorité des attitudes chez les amis d’Israël et de la Communauté juive, ils sont assez visibles et audibles, ceux qui considèrent que la situation au regard du judaïsme est au mieux catastrophique et au pire désespérée… Editoriaux, conférences, articles, pamphlets et même romans, décrivent par le menu un avenir sombre, à la lumière d’un présent morose et plein de menaces.

La question de la reconnaissance du génocide arménien est très présente en France. Vous vous souvenez que le législateur est intervenu sur cette question avec une loi purement proclamative, c’est-à-dire énonçant un fait, sans aucune autre disposition législative, et notamment sur le plan pénal. Il y eut aussi la loi Taubira sur l’esclavage, puis la loi sur les effets bénéfiques de la colonisation. Résultat, en décembre dernier , des historiens et des intellectuels se sont émus de la prolifération de ces interventions législatives, y voyant là un danger pour leur discipline, craignant que la vérité historique ne devienne un enjeu politique n’ayant rien à voir avec le véritable travail de recherche. Ils demandaient donc l’abrogation de toutes ces lois et ils incluaient la loi Gayssot.

Le numéro 809 du Courrier international (4 au 10 mai 2006) est d’une grande qualité, en couverture ce passionnant dossier : « Réformer l’Islam. » Quelques intellectuels musulmans en Europe mais aussi au Moyen-Orient, débattent ouvertement de thèmes jadis tabous : terrorisme, violence, haine de l’autre, misogynie… Dans un monde où les appartenances religieuses claniques empêchent l’émergence de l’individu, les voix dissidentes sont forcément rares explique l’hebdomadaire. Pourtant, certains osent prendre la parole, quelquefois au risque de leur vie. C’est le cas de l’intellectuel tunisien Afif Lakhdar qui pense qu’il faut reconnaître « les religions qui ont précédé l’islam et accepter le principe du choix de sa religion, ainsi que le droit de ne pas en avoir. » C’est aussi le credo de l’universitaire Irshad Manji : « Il faut retrouver la culture du débat, que l’islam a perdue depuis le XIIème siècle ».

Nous publions ci-après des extraits d’une dépêche spéciale du MEMRI n° 1142 (The Middle East Media Resurch Institute). La page d’accueil du site des Frères musulmans en Egypte, http://www.lkhwanonline.com, affiche un lien vers le site pour enfants http://www.awladnaa.net (« Nos Enfants »). Ce site comporte plusieurs rubriques, il prône le djihad contre les « infidèles » en général et les Etats-Unis en particulier, et il affiche des écrits antisémites d’une rare virulence expliquant aux jeunes lecteurs « comment les Juifs ont assassiné 25 prophètes d’Allah » et que « c'est une coutume juive de tuer les enfants. » D’autres pages affichent des textes présentant Séville et l’Andalousie comme partie intégrante de la grande patrie musulmane et évoquent la longue période de prospérité que ces régions ont connue sous le règne musulman.