Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - Quelles leçons devons-nous retenir de la fin du Ghetto de Varsovie ?

23 Avril 2020 | 556 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser...

Une compilation exhaustive, à ce jour, des articles et des interviews que j'ai données à la presse française et internationale.

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Portrait de Jean Pierre Allali
LES STADES ET LE DATA
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25 Mai 2016
Catégorie : France

Marc Perelman, auteur d'un livre percutant sur le passé trouble du célèbre architecte Le Corbusier, est aussi un spécialiste des excès du monde du football et, en général, des stades. Dans un petit ouvrage bien documenté, il se penche sur l'influence des "data" sur le public.

 

 

Portrait de Jean Pierre Allali
LECTURES
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24 Mai 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

La cérémonie se déroulera demain mardi 19 avril à 17h30 au Mémorial de la Shoah à Paris en présence des ambassadeurs de Pologne et d’Israël.

A l'heure où le Front National réalise des scores historiques, la fête de Hanoukah rappelle que les forces politiques qui ne respectent pas les particularismes sont dangereuses

L'EI ne lésine pas sur les moyens et diffuse sur Internet sa propagande ignominieuse...

Il faut croire que certaines alertes ne veulent pas être entendues à temps

Souvent l’on oublie de parler d’eux

Pages

 
 

L’Insurrection  du Ghetto de Varsovie qui clôt son histoire dramatique est l’un des événements les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale et de l’histoire du peuple juif.

En apprenant cette nouvelle, les Résistants juifs de toute l’Europe Occupée ont alors éprouvé un sentiment de fierté envers les combattants de l’Insurrection. L’enseignement qu’ils en ont tiré va radicalement changer leur état d’esprit. Ils ont compris qu’il n’était plus question de se bercer d’illusions : l’objectif des Nazis était bien de procéder à l’extermination de tous les Juifs du continent européen. En France, les Juifs ont alors compris l’inutilité de la politique de soumission aux nazis, prônée par l’Union générale des Israélites de France (UGIF). Les dirigeants des différentes organisations ont compris qu’il fallait impérativement s’unir dans un même combat autour d’une seule organisation. Cette démarche a abouti à la formation fin 1943 du Conseil représentatif des Israélites de France (Crif), fruit du rassemblement de toutes les organisations juives. Son objectif est d’assurer la défense de la communauté, de secourir les nécessiteux, d’appuyer politiquement et matériellement la lutte armée des partisans juifs dans divers détachements autonomes et dans les maquis.

Au sein du Foyer juif de Palestine, l’annonce de l’insurrection du ghetto de Varsovie a été vécue comme un coup de tonnerre, d’autant que beaucoup de ses habitants y avaient encore de la famille. Les Juifs de Palestine ont pris conscience qu’il n’était plus question de conserver l’esprit de soumission pratiqué au fil des siècles par les Juifs de la Diaspora. À Tel Aviv, le journal Haaretz du 31 mai a proclamé avec fierté : « La flamme de Massada n’est pas éteinte au ghetto de Varsovie. » Ce lien établi entre les insurgés du ghetto et les combattants de Massada a considérablement influencé les dirigeants du jeune État d’Israël. Souvenons nous que la déclaration d’indépendance a été proclamée à Tel Aviv par David Ben Gourion presque cinq ans jour pour jour après la fin de l’insurrection de Varsovie. Désormais, les dirigeants de l’Etat d’Israël, aussi bien de Gauche que de Droite, ont toujours fait en sorte de rappeler l’histoire du ghetto de Varsovie dont les habitants ont été exterminés sans que personne dans le monde n’intervienne. Les dirigeants israéliens ont toujours gardé à l’esprit qu’il existait un risque de destruction du peuple juif tout en sachant pertinemment qu’il n’était pas question d’attendre l'aide d’aucun pays et d’aucune institution internationale. C’est cette idée qui a animé et qui continue d’animer l’esprit des dirigeants de l’Etat d’Israël depuis 1948. 

Comme l’a bien écrit Raoul Hilberg « L’insurrection du ghetto de Varsovie fut un combat inégal, héroïque et tragique. Mais elle fut pourtant très efficace. Les insurgés, malgré leur fin tragique, atteignirent pleinement leur but : ils réalisèrent la participation des Juifs du ghetto à la guerre contre le Troisième Reich. »

« L’autre but, qui fut de toucher l’opinion publique mondiale et de protester contre le génocide et la discrimination raciale, a été également atteint. La lutte fut menée non pour une dignité abstraite, mais pour le peuple juif face à l’extermination. Ceux, qui “ne virent pas l’aube” restent toujours présents dans le monde d’après-guerre. L’insurrection du ghetto devint un événement porteur d’effets moraux et politiques très importants. »

En Pologne, le 19 avril 1948, à l’emplacement de l’ancien ghetto, le pouvoir communiste inaugure un monument conçu par Nathan Rapoport et Leon Suzin à la mémoire des héros de l’insurrection. Le ghetto de Varsovie représente alors pour le régime au pouvoir le recul du fascisme hitlérien face à la résistance et à l’humanisme.

Ce monument obtient un regain d’attention le 7 décembre 1970, lorsque le chancelier allemand Willy Brandt demande pardon au nom de son pays et s’agenouille publiquement dans un geste resté célèbre. Il déclare ensuite : « J’ai fait ce que font les hommes quand les mots font défaut. » Le pape Jean Paul II s’y recueille également le 18 juin 1983 en hommage aux victimes de la Shoah[1].

L’histoire du ghetto de Varsovie et de son soulèvement dépasse largement la communauté juive. Cet évènement s’inscrit après la guerre comme un évènement majeur de l’histoire de l’Europe du XX ème siècle comme l’a remarquablement souligné Marek Edelman internationale.[S1]  « La Shoah, c'est la défaite de la civilisation. Et hélas, cette défaite ne s'est pas arrêtée en 1945. Il faut s'en souvenir[U2] . 

 
Dr Bruno Halioua, Commission du Souvenir du Crif
 

[1] Après la chute du communisme, la place accordée en Pologne à l’insurrection du ghetto se renforce pour devenir, au fil des années, un événement majeur de l’histoire de la capitale et du pays. Certains chercheurs et intellectuels considèrent que la seconde insurrection qui a eu lieu en août 1944 n’est que la continuité de celle des Juifs du ghetto. Le 19 avril 2013, au moment des célébrations du 70e anniversaire de l’insurrection du ghetto, le musée de l’Histoire des Juifs de Pologne est inauguré sur le site de l’ancien ghetto. Un colloque est organisé au musée de l’Insurrection de Varsovie, en partenariat avec le musée de l’Histoire des Juifs de Pologne tout juste créé. Il est intitulé : « Varsovie, deux insurrections ». Cette approche est l’objet de critiques, aussi bien de la part des Juifs que de certains Polonais, qui estiment qu’il est incorrect de mettre sur le même plan les deux insurrections.


[U2]Marek Edelman La vie malgré le Ghetto p.131

 

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