Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lecture de Jean Pierre Allali - Phénoménologie de la chambre à gaz, de Didier Durmarque

23 Janvier 2019 | 314 vue(s)
Catégorie(s) :
France

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

C’est l’histoire d’un mariage mixte raté. Un mariage entre une Juive et un Musulman, Julie et Sam. 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

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Opinion

Depuis plusieurs années, le cinéma international ne cesse de plébisciter les cinéastes iraniens. Asghar Farhadi en est l’exemple même. Cependant, certains réalisateurs n’ont pas la chance d’être autant ovationnés.

Pour leur cinéma engagé, frontal et dénonciateur du pouvoir politique et du régime iranien, grand nombre de réalisateurs iraniens ont été, pour les plus chanceux, contraint à l’exil, tandis que d’autres en détention, subissent le triste sort réservé aux prisonniers iraniens.

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PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA CHAMBRE À GAZ, La chambre à gaz comme métaphysique et nouveau Sinaï, de Didier Durmarque (*)

Nous avons déjà signalé à nos lecteurs combien la lecture des ouvrages de Didier Durmarque est ardue (1). Ardue, certes, mais très intéressante. Sa nouvelle étude ne déroge pas à ces spécificités. L’objectif annoncé de l’auteur est le suivant : « Il s’agit d’unir une vision historique de la Shoah, dont la nécessité est impérieuse, à une philosophie de la Shoah qui permet de faire de la Shoah un prisme de la modernité, tout en faisant de la chambre à gaz un objet philosophique ». Ou encore : «  Si la Shoah est le prisme de la modernité, elle n’aura pas dit l’essentiel d’elle-même si elle ne cherche pas à penser ce qui se joue dans la chambre à gaz, jouer au sens d’avoir lieu et de se jouer de nous, de tromper, de duper sur son être »

Et ceci : « Ce que nous cherchons à déterminer dans le présent essai, c’est le statut de la chambre à gaz comme objet spécifique indépendamment de la question du camp »

Au fil des pages, un langage clair et classique laisse parfois la place à des envolées philosophiques un peu absconses. Ainsi : « La chambre à gaz comme apparition sans apparaître »,  « La tension entre l’ontique et l’ontologique et l’idée d’une apparition sans apparaître », « la chambre à gaz est un objet dont l’essence cache son expérience » ou encore : « Tout se passe comme si la chambre à gaz apparaissait comme un Dasein inversé » et « L’énigme de l’essence de la technique est à mettre en relation avec le moyen essentiel du dévoilement de l’Être, à savoir le texte ».

Des précisions numériques effrayantes nous sont données ici et là : le nombre de chambres à gaz, par exemple : Belzec, 3 puis 6, Sobibor, 3 puis 4, 5 ou 6, Treblinka, 3 puis 6 ou 10, 3 à Maïdanek. « Il y eut environ trois millions de victimes par le gaz. Sur cinq camps d’extermination, il y eut trois révoltes… ». Il convient de la dire : « La chambre à gaz est une expérience négative de Dieu… »

À propos des « musulmans », ces détenus décharnés arrivés au bout de la résistance physique : En considérant le « musulman » comme symbole du camp, non seulement on dévalorise l’idée de témoin et de témoignage, mais on rend impossible la pensée philosophique d’une phénoménologie et d’une ontologie de la chambre à gaz ».

Des précisions intéressantes sont données sur le Porajmos,  le génocide méconnu des Tziganes et sur le rôle ingrat et terrifiant des sonderkommandos.

Dans sa monstration, Didier Dumarque cite abondamment certains auteurs : Jean-Claude Milner, dont la thèse est de considérer la chambre à gaz comme solution technique à la question juive, en combinant «  la chaîne industrielle, la taylorisation et l’architecture fonctionnelle, David Rousset, Georges Wellers, Raul Hilberg, Claude Lanzmann,  Primo Levi, Martin Heidegger, antisémite et nazi, dont la parole est devenue totalement inaudible, et Hannah Arendt dont les déclarations « confinent à l’abstraction et à la généralité abusives », Giorgio Agabmen , Philippe Ménard qui parle du « paradoxe de Birkenau » et de « l’engloutissement d’un monde entier », Moses Mendelsshohn, Hermann Cohen, Franz Rosenzweig, Maurice Blanchot, André Neher, Emmanuel Levinas, Tadeusz Borowski , Johann Chapoutot, Imre Kertész ( « Dieu est Auschwitz »), Rachel Ertel, Benny Lévy, André Chouraqui, Marc-Alain Ouaknin, pour tout ce qui concerne la pensée juive, le Talmud ou la Guématria et surtout Günther Anders pour son « Obsolescence de l’homme » et son « Nous, fils d’Eichmann ». Et d’autres encore…

Peu à peu, Didier Durmarque élargit ses considérations et, dans le sillage de la loi dite de Gabot, nous mène vers la perception inquiétante d’un totalitarisme technique qui, à l’avenir, risque de transformer le monde entier en un camp de concentration. Car « L’humanité serait capable de se détruire en restant en paix, par le truchement du réchauffement climatique, par le clonage et la prise en charge de la question de la vie et de la mort, en somme du biopolitique par la technique ».

En résumé, « Cette réponse est avènement d’une civilisation planétaire, où le monde va pouvoir se passer de l’homme ».

En fin d’ouvrage, une comparaison originale qui paraîtra osée à certains, est faite entre Shoah et Sinaï : « Plus que le livre d’Esther ou que celui d’Ézéchiel, il semble qu’il y ait un lien caché entre le Sinaï et la Shoah, entre le Sinaï et le passé qui ne passe pas de la chambre à gaz, de sorte que la chambre à gaz a été définie comme un nouveau Sinaï, non pas un Sinaï qui annule l’autre , mais un Sinaï qui le menace et cherche à le dissoudre ».

Ardu, donc, mais très intéressant.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions L’Âge D’Homme. Septembre 2018. 168 pages. 17 €.

(1) A lire : PHILOSOPHIE DE LA SHOAH, de DIDIER DURMARQUE (*)

 

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