Avec son nouveau président, Mahmoud Ahmadinejad, « c’est un peu comme si l’Iran avait emprunté une machine à remonter le temps. En appelant à « rayer » Israël de la carte, cet ancien gardien de la révolution, la milice de l’ayatollah Khomeini, vient de retrouver un discours de haine que l’on croyait oublié depuis les proclamations réformatrices de son prédécesseur », note avec fermeté Le Nouvel observateur (28 octobre 2005). « S'il en était besoin, le masque est tombé », estime, dans son éditorial, Le Monde (27 octobre 2005). « En appelant le monde musulman à faire en sorte de rayer Israël de la carte, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a complété en quelques mots, mercredi 26 octobre, l'inquiétant portrait d'un chef d'Etat tout-puissant et extrémiste. A chacune de ses déclarations, l'ambition iranienne, portée désormais par cet ancien Gardien de la révolution, se manifeste de manière de plus en plus ouverte et agressive. A tous ceux qui croyaient ou voulaient croire que la République islamique s'était finalement assagie, en renonçant en particulier à cultiver son obsession "antisioniste", le réel se charge de démontrer qu'il n'en est rien. L'Iran de Mahmoud Ahmadinejad persiste et signe. Le nouveau président iranien entend bien réactiver la doctrine officielle de la jeune République depuis sa création en 1979 : « Comme l'a dit l'imam Khomeiny, Israël doit être rayé de la carte », a-t-il déclaré devant quelques milliers d'étudiants exaltés à l'occasion d'une conférence au thème sans équivoque « Le monde sans le sionisme ». D'un coup, la parenthèse réformatrice de la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005) s'est effacée. Voilà l'Iran à nouveau plus radical que les Palestiniens, déterminé à redevenir le porte-voix du monde musulman, à préempter le leadership de masses déshéritées, humiliées et en colère. Dans ce rôle convoité, le président iranien choisit de parler comme les prédicateurs les plus extrémistes, encourageant la foule à vouer aux gémonies Israël, les Etats-Unis, et pour faire bon poids, promettant aux dirigeants arabes tentés de reconnaître l'Etat juif de brûler « au feu de la fureur de la communauté des croyants. »