Yonathan Arfi

Le nouveau Président du Crif, un militant juif et citoyen

Blog du Crif - Il y a 16 ans, Ilan Halimi, assassiné par les préjugés antisémites

14 Février 2022 | 119 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Pages

Actualité

Après notre étude sur les Juifs de Finlande, voici, comme convenu et pour coller à l’actualité qui fait que le conflit russo-ukrainien est en train de s’étendre à d’autres pays, un regard sur les Juifs de Suède.

Dès le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, nous avons, le 23 février dernier, proposé à nos lecteurs, une étude sur les Juifs d’Ukraine. Depuis quelques jours, le conflit semble s’étendre à deux autres pays, la Finlande et la Suède. Nous vous proposons de découvrir les communautés juives de ces deux pays. Aujourd’hui, les Juifs de Finlande.

Pages

Antisémitisme

Dimanche 12 janvier 2020, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. À l'issue de cette journée, je me suis exprimé devant les participants. Voici les quelques mots prononcés.

 

 

Dans cette éditorial, je m'exprime sur les nombreux actes de haines survenus en France et dans le monde en 2019. Je formule également mes voeux de sécurité et de paix pour cette nouvelle année.

 

Meyer Habib, il y a ceux qui l'aiment et ceux qui l'ont en exècre. Mais on ne peut en aucun cas tolérer un tel déferlement de haine antisémite.

Discours prononcé lors de la Plénière de clôture.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

Pages

"Les Juifs ont de l'argent" : ce poncif antisémite, sans doute aussi vieux que l'antisémitisme lui-même, coûta sa vie à Ilan Halimi, assassiné le 13 février 2006, après 24 jours de séquestration et de torture.

Un préjugé n'est pas une simple opinion. Rappelons ce principe à ceux qui ne veulent pas en voir la gravité : les préjugés sont le conditionnement mental nécessaire à la libération de la violence ciblée. C'est le terreau sur lequel grandit la possibilité du passage à l'acte. Dit autrement, sans l'idée que "les Juifs ont de l'argent", le "Gang des barbares" n'aurait jamais choisi puis tué Ilan Halimi, jeune homme sans fortune particulière. 

Ainsi, les préjugés antisémites tuent. Mais 16 ans, demain jour pour jour, après sa mort, qu'avons nous retenu ? Rien ou presque rien !

Les préjugés antisémites sont toujours aussi largement partagés dans l'opinion publique. Dans une étude menée par Ipsos pour le CRIF en 2020, 44% (!) des Français considèrent que "les Juifs sont plus riches que la moyenne des Français" et 30% que "les Juifs aiment plus l'argent que les autres Français".

Plus grave encore, ces stéréotypes ne sont plus limités aux vieilles générations et semblent même trouver aujourd'hui un renouveau au sein de certaines catégories de Français, dont notamment les Français de culture musulmane qui sont 53% à y adhérer (Etude Fondapol/AJC - Janvier 2022) ou les électeurs d'extrême-droite et  d'extrême-gauche.

Depuis la mort d'Ilan Halimi, l'antisémitisme a gagné de nouvelles sphères porté notamment par l'endoctrinement islamiste, la haine d'Israël ou les idées complotistes, ajoutant au fil des ans 10 nouveaux noms de Juifs de France à la liste des victimes contemporaines de cette haine devenue ordinaire.

Plus largement, les préjugés racistes et antisémites, eux, continuent de faire des ravages chez des esprits faibles et de légitimer de dramatiques passages à l'acte : ainsi, en 2016, un couturier d'origine asiatique, Chaolin Zhang, était à son tour ciblé parce que ses agresseurs considéraient que "les Chinois ont de l'argent".

16 ans après sa mort, le meilleur hommage que la France puisse rendre à Ilan Halimi serait de considérer enfin à leur juste mesure la gravité des préjugés antisémites, pour ouvrir des temps plus apaisés pour les Juifs de France mais aussi, avec eux, pour l'ensemble des Français.

Puisse la mémoire d'Ilan Halimi nous aider sur ce chemin.

Yonathan Arfi