Blog du Crif - Hommage à Paul Schaffer

26 Août 2020 | 29 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Actualité

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

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Paul Schaffer était un Mensch. Un homme délicieux et un Mensch. Un témoin majeur de l’histoire de la Shoah et un Mensch.

Avoir la chance et le bonheur de le connaitre, c’était avoir un aperçu de ce que le judaïsme viennois a produit de meilleur. Paul Schaffer aurait pu être un personnage de Stefan Zweig, mais pleinement positif - sans la part d’ombre qu’ont souvent les personnages de Zweig -, avec une hauteur morale incontestable et incontestée. En fait, Paul aurait pu figurer dans Le monde d’hier, le chef-d’œuvre de Zweig, si ce n’est qu’il était aussi, pleinement, un homme d’aujourd’hui. 

Paul avait connu le pire dans l’existence : la Shoah, avec l’entrée des nazis dans sa Vienne natale ; l’exil forcé en Belgique puis en France qui deviendra ensuite sa seconde patrie ; l’arrestation avec sa famille à Revel en Haute-Garonne et leur déportation par le convoi n° 28 ; la survie à Auschwitz-Birkenau, alors que sa mère et sa sœur y étaient assassinées.

Malgré toutes ces terribles épreuves, il n’a jamais perdu sa dignité, son humanité, sa courtoisie, ni même son sens de l’humour typiquement juif autrichien. Quelle belle victoire face à la barbarie des nazis, à qui ces valeurs sont totalement étrangères, que l’existence de Paul Schaffer.

Paul, c’est aussi un porteur infatigable de la mémoire de la Shoah, qui, en dépit du poids des années, disait toujours « oui » quand il s’agissait de témoigner dans une école et rencontrer des élèves. Il était très heureux de ces rencontres, sans doute parce qu’il n’avait jamais oublié l’enfant qui était en lui. En tout état de cause, il était particulièrement fier des nombreuses lettres de remerciement que lui adressaient professeurs et élèves.

C’est son souci de témoigner qui l’a conduit à écrire, puis à peaufiner, son bouleversant récit de la déportation, Le soleil voilé, dont la Fondation pour la mémoire de la Shoah a été heureuse de produire la nouvelle édition, avec les éditions le Manuscrit, il y a quelques mois.

Son combat en faveur de la mémoire de la Shoah passait aussi par son action de militant, au sein du Comité français pour Yad Vashem, dont il fut un Président énergique, ainsi qu’au sein de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, à laquelle il était très attaché et dont il fut membre du Bureau directeur et administrateur d’honneur, ainsi que membre du Comité de lecture de la collection « Témoignages de la Shoah ». Paul, du fait de ses immenses qualités humaines que sa discrétion ne parvenait pas à masquer, était unanimement apprécié au sein de la Fondation, tant par les bénévoles, en particulier l’ensemble des membres du Bureau et du Conseil d’Administration, que par l’équipe des salariés. Il  faut aussi garder à l’esprit son rôle au sein de l’Union des Déportés d’Auschwitz, où il occupait les fonctions de vice-Président.

C’est au camp de Bobrek qu’il rencontre la jeune Simone Jacob, qui deviendra plus tard Simone Veil, et dont il va devenir l’ami le plus fidèle. Avec le recul, il n’est guère étonnant que Simone Veil, qui s’y connaissait en valeur véritable des hommes et des femmes, ait tout de suite perçu les qualités humaines hors du commun de Paul Schaffer, et lui ait accordé son amitié pour toute la vie, par-delà les parcours de chacun. 

Paul était aussi un sioniste assumé, avec un attachement indéfectible à l’Etat d’Israël. Dès après la guerre, il avait milité dans des organisations de jeunesse et avait ainsi pu participer au dernier Congrès Sioniste avant la création de l’Etat d’Israël, à Bale en 1946. En la matière, la figure, méconnue à ses yeux, du Général Michel Darmon constituait un exemple. Il avait aussi une prédilection pour la langue hébraïque. Jusqu’à ces derniers mois, il prenait un plaisir non dissimulé à poursuivre ses cours d’hébreu et il lui est arrivé d’écrire de petits poèmes dans cette langue sacrée pour lui.

 

Paul Schaffer avait en lui une force de vie peu commune, comme l’ont souvent les Survivants qui ont traversé l’enfer d’Auschwitz-Birkenau. Il avait aussi une vision à la fois très lucide des faiblesses de la condition humaine, mais aussi très positive de l’existence sur cette terre. Sans doute est-ce lié à son attachement viscéral au judaïsme et aux valeurs juives. Un des petits bonheurs de sa vie était d’avoir pu conserver sa paire de Tefilines (phylactères), reçue pour sa Bar-Mitsva à Vienne. C’est cet attachement, sincère et profond, qui conduisait, en toute discrétion, le Grand Rabbin Haïm Korsia à se rendre à son domicile, la veille de Yom Kippour, lorsque la maladie empêchait Paul de rejoindre sa place à la synagogue de la rue de la Victoire,  afin de lui permettre d’entendre, malgré tout, la sonnerie du Shofar.

Mais malgré tout son courage et son énergie, il y a eu une épreuve insurmontable pour Paul. C’est la disparition de l’amour de sa vie, sa Jackie bien-aimée, malheureusement décédée en juin dernier. Paul n’a pas voulu rester trop longtemps séparé d’elle.

Toutes nos sincères condoléances à sa famille, en particulier à sa chère fille Anick, à son gendre et à son petit-fils. 

Que son souvenir soit une bénédiction pour tous.

 

Philippe Allouche, Directeur Général de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah