Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Roch Hachana, il y a soixante ans : la crise des missiles de Cuba

29 Septembre 2022 | 73 vue(s)
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Actualité

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

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Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

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Reportons-nous au 2 octobre 1962, trois jours, comme aujourd’hui, après le début de Roch Hachana. A Mourmansk, sur le  cercle arctique, quatre sous-marins nucléaires quittent le port. Leur destination, archi-secrète, c’est Cuba.

Quatre semaines plus tard, l’un d’eux est détecté dans les Caraïbes. Pour le faire remonter à la surface aux fins de contrôle, l’US Navy lance des grenades  de faible intensité, une procédure spectaculaire mais classique dont elle a informé l’Etat Major soviétique. Mais le sous-marin a essuyé une grosse tempête, il a perdu le contact avec Moscou, n’a pas les moyens non plus de communiquer avec les Américains, et son commandant, pensant que la guerre a commencé, perd les pédales et ordonne de lancer une torpille nucléaire. Sans le refus de son second, dont l’accord était réglementairement nécessaire, l’apocalypse nucléaire aurait pu être déclenchée . Les Américains ne savaient pas que les Soviétiques voulaient établir une base de sous-marins nucléaires à Cuba et cet épisode fut révélé quarante ans plus tard, quand un expert américain déclara: « Ce jour-là, un gars nommé Vassili Arkhipov a sauvé le monde ».

L’incident avait eu lieu trois jours après le célèbre et magnifique discours du Président Kennedy décrétant une quarantaine sur toutes les livraisons militaires à Cuba, quarantaine, pour éviter le terme de blocus, considéré comme un acte de guerre. Le 14 octobre des rampes de lancement de missiles  avaient été repérées à Cuba, à moins de 200 km des côtes de la Floride.

Les Américains, soutenus par leurs alliés et notamment par De Gaulle pourtant en désaccord avec l’Otan,  ont su formuler aux Soviétiques des menaces crédibles et leur détermination fit reculer un Khrouchtchev jusque là dans le déni et l’arrogance, poussé par un Fidel Castro belliqueux. En quelques jours, un accord fut trouvé et  la base de missiles démantelée. Khrouchtchev apparut le perdant du bras de fer, et cela contribua largement à  sa chute deux ans  plus tard.

Le souvenir de la crise des missiles est certainement présent dans la réaction américaine aux gesticulations de Poutine. A sa menace  d’utiliser l’arme nucléaire répond la très ferme déclaration, dont chaque mot est soigneusement pesé, de Jack Sullivan, conseiller à la sécurité nationale.

Vladimir Poutine avait dix ans pendant la crise des missiles, qu’il a étudiée au cours de sa formation au KGB. Quelles conclusions en a-t-il tirées ?

Il y a une douzaine d’années, j’ai eu le privilège de lui tenir un discours au Kremlin lors d’une rencontre avec le Congrès juif européen. J’ai exprimé ce qui m’angoissait alors, et qui m’angoisse aujourd’hui, l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran. J’ai pensé à la crise des missiles de Cuba en disant à Poutine que, entre les mains de responsables rationnels comme Kennedy et Khrouchtchev, la bombe atomique avait été moins dangereuse qu’elle ne le serait dans celles d’un fanatique comme Ahmadinedjad, qui voyait dans le chaos nucléaire l’occasion du retour du dernier imam, le Messie des temps derniers.

Je m’adressais à Poutine comme à un dirigeant raisonnable et responsable, mais j’avais eu une impression sinistre de ma poignée de mains avec lui. Son regard que l’inexpressivité rendait glaçant, sans l’ébauche d’un sourire, était celui d’un tueur à gages. Dans son propre discours, il prétendit que la Russie était le seul pays au monde où l’antisémitisme n’existait pas. J’ai compris que sa vérité n’avait absolument rien à voir avec la vérité des faits.

Et maintenant ? On peut parier que pour Poutine, le Khrouchtchev de la crise des missiles est un contre-modèle, car il apparait comme un perdant. La réalité était plus complexe, avec le démantèlement des bases américaines en Turquie et en Italie, la survie assurée au régime castriste et, finalement, la détente Est-Ouest, mais l’image compte plus que la réalité. Avec sa petite taille qu’il cherche à masquer, Poutine, au sambo, la lutte russe, au judo ou en politique, a l’obsession de paraître dominer. C’est ce qu’accepte, ou acceptait, la majorité du peuple russe, habitué par l’histoire à brader sa liberté en échange de la stabilité et de la fierté de la force.

Alors qu’il s’agit de sa propre  survie, Poutine parle de la survie de la Russie, menacée par l’Occident. La victimisation est au centre du discours des dictateurs, qui disent ne rien faire d’autre que de réagir aux humiliations que les ennemis veulent infliger à leur peuple. En réalité, c’est lui qui aujourd’hui humilie la Russie, mais un Poutine qui prétend défendre une patrie que personne ne menace est un Poutine qui refusera de reconnaitre ses mensonges et ses échecs et fera tout pour garder son pouvoir. Ce Poutine acculé est particulièrement dangereux.

Il a déclaré en 2018 : "À quoi bon le monde, si la Russie n’en fait plus partie".  En fait, le garnement de Leningrad a le terrible moyen de frimer : "À quoi bon le monde, si je ne suis plus le chef ?"

On dit qu’il a cohabité  dans son enfance avec une famille juive religieuse, mais on voit mal Vladimir Poutine faire sa repentance à Kippour. Faut-il espérer qu’un second Vassili Arkhipov vienne sauver la Russie et le monde? Les experts qui pensent que si Poutine disparait de la scène politique, il sera remplacé par plus nationaliste que lui, sont plutôt pessimistes, mais le pire n’est jamais sûr.

Les jours redoutables où nous nous trouvons conduisent à la joyeuse conclusion de Simhat Thora.….

Bonnes fêtes et à la semaine prochaine

 

Richard Prasquier