Restauration de la Maison Sublime de Rouen - Exposition

28 Mai 2018 | 224 vue(s)
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France

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Portrait de Stéphanie Dassa
Hommage à Claude Hampel
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14 Novembre 2016
Catégorie : France

« Il y eut un soir et il y eut un matin » Genèse1 : 5

Comme chaque année, l'association ASI/Keren Or que je préside, distribue des lunettes de vue en Israël aux plus démunis. Cette année l'opération s'est déroulée dans la ville de LOD.

En 2005, le fait religieux envahissait peu à peu et dans la confrontation, les cours de récréation. L’agitation religieuse commençait à provoquer des dégâts dont nous payons le prix lourd aujourd’hui.

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Une stèle en mémoire des victimes de la Shoah qui n’ont pas de sépulture, "ni ici, ni ailleurs", a été inaugurée dans le cimetière parisien de Bagneux.
Une cérémonie solennelle - et sous haute sécurité - qui, à Bagneux, dix ans après la mort d’Ilan Halimi, séquestré et torturé dans la cité de la Pierre-Plate parce qu’il était juif, était d’autant plus symbolique.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

En tant que lecteur de la newsletter du Crif, bénéficiez d'un tarif préférentiel ! La place à 15 euros au lieu de 20 euros. Réservations par téléphone : 01 43 27 88 61 avec le code CRIF           

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

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LE JUDAÏSME MÉDIÉVAL EN EXPOSITION À ROUEN

A l'été 1996, on découvre à Rouen, sous la cour du Palais de justice, un monument hébraïque, aujourd'hui connu comme « la Maison Sublime », qui est être le plus ancien monument juif conservé en France et sans doute même en Europe (il a été édifié peu avant 1100). Des travaux de restauration sont en cours, qui devraient s'achever en septembre prochain et qui permettront à nouveau au public de visiter ce monument historique, témoin de l'importance de la présence juive en France au Moyen Age. Une exposition « Savants et Croyants – les juifs d'Europe du Nord au Moyen Age » ouvrira ses portes le 25 mai au Musée des Antiquités de Rouen.

A cette occasion, nous avons posé quelques questions à Jacques-Sylvain Klein, délégué de l'association « La Maison Sublime de Rouen (LMSR) », qui se bat depuis plus de dix ans pour sauvegarder et mettre en valeur ce patrimoine exceptionnel.

Dans quelles conditions a été découverte la Maison Sublime ?

            C'est par un concours de circonstances étonnant que cette découverte a eu lieu. En avril 1976, le professeur Norman Golb, historien et paléographe à l'université de Chicago, publie à Tel-Aviv un ouvrage en hébreu, où il révèle l'existance à Rouen d'une très ancienne communauté juive, arrivée en Normandie à l'époque gallo-romaine. Il y indique que, de part et d'autre de la rue aux Juifs, on trouvait au Moyen Age, au sud la synagogue et au nord, à l'emplacement de l'actuel Palais de justice, une académie rabbinique. Quatre mois plus tard, des travaux de pavage sont entrepris dans la cour du Palais et on découvre fortuitement deux édifices hébraïques de style roman, datant des XIe-XIIe siècles. Norman Golb reconnaît aussitôt, dans l'un des bâtiments, l'académie rabbinique dont il avait parlé dans son livre, tandis que l'autre pourrait être un bain rituel.

Les spécialistes ont beaucoup débattu de la destination de cette Maison Sublime. Le débat  est-il clos ?

            Un débat très vif a opposé, pendant des années, Norman Golb à Bernhard Blumenkrantz, qui voyait dans cet édifice une synagogue. L'archéologue Michel de Boüard penchait plutôt pour une résidence privée, sur le modèle des halls à étage anglo-normands. Mais il a finalement adopté la thèse de  Norman Golb quand celui-ci a publié en 1985, en français cette fois, « Les juifs de Rouen au Moyen Age, portrait d'une culture oubliée ». J'ai moi-même repris l'ensemble du dossier dans un livre, paru en 2006 [1], où j'ai apporté de nouveaux arguments à l'appui d'une académie rabbinique. Certains chercheurs continuent, néanmoins, à défendre la thèse d'une résidence privée, tandis que d'autres penchent pour un bâtiment à usage mixte (école, synagogue, tribunal).

D'autres vestiges hébraïques ont-ils été découverts à Rouen ?

            En 1982, on a découvert un troisième édifice, strictement contemporain de la Maison Sublime et construit avec la même pierre blanche provenant de la carrière de Caumont. Connu comme « l'hôtel de Bonnevie », il servait de résidence au chef de la communauté juive aux XIIe et XIIIe siècle. Un quatrième bâtiment a encore été trouvé dans le « quartier juif », lequel n'était nullement constitué en ghetto, mais se trouvait au plein coeur de la cité médiévale, tout près de l'hôtel de ville et non loin de la cathédrale. Ajoutons que, jusqu'à la fin du XIXe siècle, un cinquième édifice existait, que la tradition locale, appuyée par diverses documents, donne pour la synagogue communautaire. Tout cela fait de Rouen un des hauts-lieux de l'archéologie juive en Europe.

Peut-on évaluer l'importance démographique des communautés juives au Moyen Age en Normandie ?

            Le « quartier juif » de Rouen mesurait quelque 300 m de long par 100 m de large, soit une superficie d'environ trois hectares, un douzième de la superficie totale de la ville. Sachant que la plupart des maisons situées le long de la rue aux Juifs avaient trois ou quatre étages, comme on le voit sur le Livre des Fontaines de l'échevin Jacques Le Lieur (1525),  la population juive est évaluée à 4 ou 5000 âmes, soit 10 à 15% de la population totale. Chiffre corroboré par l'importance du cimetière, situé sur le Mons Judaeorum, à l'extérieur de l'enceinte romaine, qui mesurait 250 m de long.

            Pour l'ensemble de la Normandie, la population juive médiévale est estimée à 10 000 habitants, répartis en quelque 180 implantations, que Norman Golb et Gérard Nahon ont identifiées aussi bien dans des villes et des villages que dans des lieux-dits en pleine campagne. Une telle dispersion territoriale implique, en soi, une large diversité d'activités professionnelles, y compris agricoles. La concentration sur les activités commerciales et financières était surtout le fait des  grandes villes, Rouen et Caen principalement.

Que signifie l'expression « royaume juif » de Rouen  ?

            On trouve cette expression sous la plume de Pierre le Vénérable, célèbre abbé de Cluny, dans son traité Contre l'obstination invétérée des Juifs (v. 1140). Elle désigne une institution créée à Narbonne par Charlemagne à la fin du VIIIe siècle, pour gouverner les communautés juives de la France du Sud, puis au Xe siècle à Rouen, pour celles de la France du Nord. C'est d'ailleurs le chef de la communauté rouennaise, Jacob bar Jéquthiel, qui est désigné en 1007 par l'ensemble des communautés juives de France pour obtenir du pape qu'il fasse cesser les persécutions qui s'abattent sur elles. Mission que Jacob bar Jéquthiel   accomplit avec succès, après un séjour à Rome de quatre ans.

            La notion de royaume - qui s'inscrit dans un contexte féodal - reflète la très grande autonomie statutaire dont les Juifs bénéficient à cette époque, notamment en matière judiciaire. A l'exception des crimes, tous les litiges les concernant sont réglés par leurs propres tribunaux.

            Pendant un siècle et demi, l'autorité du « rex Judaeorum » de Rouen va s'exercer, non seulement sur les communautés de Normandie, mais aussi sur celles d'Angleterre. En 1066, Guillaume le Conquérant emmène, en effet, des Juifs de Rouen à Londres pour l'aider dans sa conquête de l'Angleterre et, vers 1135, son fils, Henri Ier Beauclair, accorde à Rabbi Yossi, chef de la juiverie anglo-normande, une charte s'appliquant aux  communautés juives des deux côtés de la Manche. Il faut attendre 1204 et le rattachement de la Normandie au royaume de France pour que s'opère une séparation physique entre les juiveries anglaise et normande.

Quelle était l'importance de l'Ecole de Rouen ?

            Cette académie rabbinique (yeshivah) a, vraisemblablement, été créée dans la seconde moitié du Xe siècle, par un rabbin originaire de Rhénanie, comme j'en donne des indices dans un livre, Le Royaume Juif Ressuscité, à paraître prochainement. Son histoire nous est bien connue à partir du XIIe siècle, quand le très réputé Rabbi Yossi en prend la direction, avant de quitter Rouen vers 1135 pour créer à Londres, à la demande du roi Henri Ier, une communauté soeur, disposant de sa propre académie.

            C'est Samuel ben Meïr, dit Rashbam, qui prend sa succession et qui va donner à l'académie de Rouen, pendant un quart de siècle, un éclat particulier. Il est le petit-fils de Rashi de Troyes et sa science talmudique est si affirmée qu'il n'hésite pas à contester son grand-père sur certains points. Sa présence à Rouen va attirer le grand savant andalou Abraham Ibn Ezra, qui va séjourner dans cette ville (mais aussi à Londres) près de dix ans et y composer son fameux Livre de l'Exode, ainsi que plusieurs traités d'astronomie et d'astrologie. Il va aussi beaucoup contribuer à diffuser la culture arabe en Occident.

            A la suite de Rashbam, l'académie de Rouen va être dirigée par de grands maîtres, comme Menahem Vardimas ou Cresbia le Ponctuateur, et rassembler d'innombrables tossafistes, continuateurs de l'oeuvre de Rashi. C'est son directeur, Abraham ben Samuel, qui sera choisi en 1269, « au nom des sages de notre génération », pour affronter le terrible dominicain Paul Chrétien, un juif converti apôtre de l'antijudaïsme. Cette  seconde controverse de Paris organisée par Saint Louis (la première, en 1240, a vu le brûlement du Talmud et de 25 chariots de livres juifs) a coïncidé avec le port obligatoire de la rouelle et a préparé la grande expulsion de 1306.

            De l'Ecole de Rouen sont sortis de splendides ouvrages, comme le Grand Mahzor d'Amsterdam ou le Glossaire de Leipzig, mais aussi la première compilation intégrale du Talmud de Babylone, dont l'unique copie médiévale est conservée à la bibliothèque de Munich. Et c'est encore dans cette académie qu'ont été rédigés ou rassemblés, peu avant 1306, les fameux « tossafot de Touques » qui figureront, à côté du commentaire de Rashi, dans toutes les éditions imprimées du Talmud de Babylone.

Que pourront découvrir les visiteurs de l'exposition ?

            Cette exposition, totalement inédite en France, jette un regard neuf sur la vie intellectuelle et  matérielle des Juifs d'Europe du Nord au Moyen Age et sur leurs relations avec la chrétienté. Conçue par Nicolas Hatot et Judith Olszowy-Schlanger, elle rassemble des pièces exceptionnelles (manuscrits enluminés, sceaux, astrolabes, inscriptions funéraires, objets d'art et d'archéologie), provenant des plus grands musées et bibliothèques d'Europe. Elle est labellisée « Exposition d'Intérêt National 2018 » par le ministère de la Culture.

A savoir :

  • Exposition « Savants et Croyants – les juifs d'Europe du Nord au Moyen Age » du 25 mai au 16 septembre au Musée des Antiquités de Rouen, 190 rue Beauvoisine. Ouvert le matin (sauf dimanche) de 10h à 12h15 et l'après-midi de 13h30 à 17h30 (le dimanche de 14h à 18h). www.musees-rouen-normandie.fr
  • Colloque international « Judaïsme médiéval entre Normandie et Angleterre », le 4 septembre à Paris, au MAHJ, et le 5 à Rouen, à l'Hôtel des Sociétés savantes (Réunion des Musées Métropolitains).
  • Association La Maison Sublime de Rouen, 6 rue de la Cage, 76000 Rouen www.lamaisonsublime.fr

[1] La Maison Sublime, l'Ecole rabbinique et le Royaume juif de Rouen, point de vues, 2006, consultable en ligne sur www.lamaisonsublime.fr

 

Jacques-Sylvain Klein