Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Les Bretslover à Ouman

06 Octobre 2022 | 139 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité
"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Le judaïsme indien est assez méconnu en France. Pourtant, il est d'une implantation millénaire. Il y avait environ 35 000 Juifs aux Indes lors de la création de l'État d'Israël

Johnny est malade. Oui, le grand Johnny. Lundi, la fille de Johnny Hallyday avait annoncé que son père souffrait d'un cancer avant de crier au piratage de son compte. Ce mercredi soir, c'est finalement le chanteur lui-même qui prend soin d'envoyer un mot sur Twitter pour rassurer ces fans. Si on lui a dépisté « des cellules cancéreuses » pour lesquelles il est « traité », il assure être confiant sur son suivi. "Mes jours ne sont pas aujourd'hui en danger, rappelle L’Express du 9 mars.

Cela paraîtra peut-être étrange à certains de mes lecteurs, mais j’aime Johnny, j’aime son timbre de voix, j’aime aussi certaines de ces chansons, je suis presque, presque un fan.

Pourquoi dans cette affaire, est-ce Bensoussan qui seul est poursuivi en justice et non pas simultanément Smaïn Laacher ?

 
"La culture est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers", déclarait André Malraux. C'est pour toutes ses vertus que la culture est grande et qu'elle reste et doit rester un rempart contre l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie. De chaque création artistique doit jaillir une lumière. C'est à cela que doit aspirer chacun de ceux qui ont le bonheur de pouvoir créer ou d'interpréter une oeuvre. 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

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Opinion
Portrait de Invité
Blog du Crif - Noé, reviens !
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11 Octobre 2018
Catégorie : France, Opinion

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En parlant des Hassidim de Bratslav (les Bretslover en yiddish) on n’esquive pas complètement l’actualité. La guerre, les lignes aériennes coupées et les avertissements des gouvernements d’Ukraine, d’Israel, ou des États-Unis, rien n’y a fait, les Bretslover sont revenus à Ouman pour Roch Hachana, 20 000 dit-on, pas loin des 40 000 dans les années avant Covid. La hassidout de rabbi Nahman n’a jamais été très nombreuse, mais le pèlerinage attire d’autres fidèles et, au-delà, des Juifs pas toujours très orthodoxes en quête de spiritualité. Le haut moment, c’est le tachlich, quand les pèlerins  en robe blanche déposent leurs péchés dans le lac bordant Ouman et récitent le Tikkun Haklelali, la série des 10 psaumes  contre le mal élaborée par le Rav Nahman. Tous sont là pour recharger leurs batteries spirituelles et la ferveur qui émane de cette masse d’hommes joyeux laisse une empreinte forte aux participants.

Pourquoi Ouman? Nahman, sa maison de Bratslav détruite dans un incendie, n’y a passé qu’une année, malade de tuberculose et mort à  38 ans, en 1810. Il aurait d’ailleurs choisi la ville en raison de son cimetière, où avaient été enterrées quarante ans auparavant, les victimes d’un grand massacre de Juifs perpétré par les haidamaks, ces paysans ukrainiens soutenus par l’empire russe et révoltés contre leurs maitres polonais. Les temps ont changé... Il y avait donc dans ce cimetière, qu’on appelait maison de vie, bet Haim, beaucoup d’âmes juives que Rabbi Nahman voulait défendre devant le tribunal divin.

Il avait enseigné à Bratslav, à 100 km de Ouman, pendant huit ans, au retour de son voyage en terre d’Israel. Il y avait trouvé un élève exceptionnel, Nathan Sternharz de Nemirov, Rèb Noussn pour les fidèles. Par lui, la vie et les idées Nahman de Breslaw sont bien connues, dans des livres célèbres qui ont façonné le mouvement Bratslav. Seuls les écrits restent, ce qui peut biaiser notre compréhension : d’autres disciples ont probablement tiré de Nahman des conclusions un peu différentes de celles de Nathan.

Nahman, dans sa doctrine émotionnelle, insistait sur une phrase du prophète Ezechiel « J’ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair », Lev bassar. Lev bassar, les mêmes consonnes que Breslov; curieusement, le nom de Rabbi Nathan, Sternharz signifiait coeur dur.

C’est Nathan qui institua le pèlerinage à Ouman. Visiter le tombeau d’un maitre hassidique n’avait rien d’exceptionnel, mais Ouman joua chez les bretslover un rôle à part. Au coeur de la répression tsariste puis après l’interdiction par le régime communiste, il y eut une poignée de fidèles prêts à courir tous les risques pour venir. Certains, dit-on, pour éviter que la construction d’un immeuble ne vînt détruire la tombe de Nahman, firent intervenir le Président Carter lui-même. Depuis la fin du communisme, le pèlerinage est devenu un impressionnant événement touristique...

Bratslav n’a pas créé de lignée dynastique comme les autres mouvements, ce qui lui a valu le surnom de « Die toyte hassidim », les « Hassidim morts ». En fait, Nahman rejetait l’évolution, disons « commerciale », du hassidisme  qu’il voyait chez les descendants du Baal Shem Tov, son propre arrière grand-père, et il n’a pas eu de successeur familial. Mais cela tient aussi à sa doctrine. Au lieu de leur faire confesser leurs  pêchés, souvent liés à la sexualité, il en vint à demander à ses disciples de rechercher par eux-mêmes et au fond d’eux-mêmes le tzadik, c’est-à-dire la justice. L’hitbodedout, l’isolement spirituel quotidien consacré à une méditation intérieure, permet cette relation personnelle avec Dieu. C’est selon Nahman, qui prolonge ici la cabale de Louria, avec la brisure des vases, un travail difficile, rempli d’obstacles. La joie à laquelle on associe le nom de Nahman de Bratslav est le produit d’un combat, qui fut probablement aussi le combat de sa propre vie, marquée par sa maladie et le décès de ses proches. Je pense à la phrase de Camus : « il faut imaginer Sysiphe heureux ».

Natan s’est toujours considéré comme le simple disciple de Rabbi Nahman. Il le considérait comme une personnalité messianique de l’envergure de Moïse. Nul ne pouvait donc remplacer Nahman, mais pour administrer sa succession,  Natan avait une personnalité trop clivante pour être unanimement agréé. La hassidout de Bratslav en a gardé un caractère anarchique. Elle contraste avec le Chabad qui a su rester centralisé sans nommer de successeur au Rebbe, considéré aussi par beaucoup de ses fidèles comme une figure messianique.

Mais avant Nahman, aucun maitre hassidiques n’avait eu de prétentions messianiques, et  le souvenir du faux messie Shabtai Zvi était encore vivace. Il ne faut donc pas s’étonner que les écrits de Natan aient suscité de virulentes polémiques au sein même du hassidisme et que le mouvement de Nahman de Bratslav soit resté diversifié et marginal.

Il  est aujourd’hui populaire, car sa spiritualité peut aussi se décliner sous une forme « New age » en harmonie avec la quête contemporaine, mais il n’évite pas cependant les phénomènes d’emprise. La ligne entre maitre spirituel et  gourou est fragile. L’inculpation récente d’un rabbin Bretzlover réputé en Israël, Eliezer Berland, en témoigne. Malgré son lourd dossier il garde un noyau de partisans convaincus que les accusations contre lui prouvent son caractère messianique.

Quelle que soit la valeur d’une tradition religieuse, le risque d’emprise sur les esprits ne doit jamais être sous-estimé dès lors qu’elle prétend à une exclusivité absolue dans l’espace privé ou public.

Richard Prasquier